Chronique de la dérive douce

Dany Laferrière, Chronique de la dérive douce, Montréal, VLB, 1994, 136 p.

« Sorte de “compagnon” à L’Énigme du retour, ce roman, dont la première édition est parue à Montréal en 1994, raconte l’arrivée d’un jeune Haïtien dans la métropole québécoise au milieu des années 1970. Poursuivant son projet de réécrire son oeuvre en l’approfondissant, l’auteur nous donne ici une nouvelle version, entièrement remaniée et augmentée, de ce qui aurait pu s’appeler L’Énigme de l’arrivée, si ce titre n’avait été rendu célèbre par V.S. Naipaul.
Quand il s’est installé à Montréal, Dany Laferrière n’allait pas tant au devant de nouveaux horizons qu’il fuyait sa patrie où sa vie était en danger. Cette contrainte colore violemment la manière dont il voit le monde, et c’est cette vision chaotique qu’il partage ici avec nous. Le roman est composé de 360 fragments — qui prennent la forme de proses ou de vers libres, un peu à la manière de L’Énigme du retour —, à partir desquels le lecteur peut se former un portrait de la première année que le romancier a passée au Québec. Chacune des pièces de ce puzzle s’ajuste parfaitement aux autres pour souligner l’incertitude et la crainte qui taraude ceux qui ont quitté une terre bien-aimée pour sauver leur peau.
Chronique de la dérive douce est le premier “roman du Québec” de Dany Laferrière, et il inaugure un dialogue entre l’enfant du Sud et la terre du Nord qui dure encore aujourd’hui. »
(Quatrième de couverture de Boréal)

Documentation critique

THÉRIEN, Michel, « Conjonctions et disjonctions dans Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière ou poésie de la condition immigrante », dans Bénédicte MAUGIÈRE (dir.), Cultural Identities in Canadian Literature / Identités culturelles dans la littérature canadienne, New York, Peter Lang, 1998, p. 173-182. +++ Chapitre de collectif

BRISEBOIS, Sophie, « Dany Laferrière : parcours d’une écriture », mémoire de maîtrise, département des études littéraires, Université du Québec à Montréal, 1998, 119 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

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Résumé
Placé d’entrée de jeu sous le signe du parcours, ce mémoire suit le mouvement d’une écriture voyageuse : celle de Dany Laferrière. Voyageuse, non seulement parce qu’elle fait intervenir des signes appartenant à des univers culturels hétérogènes, mais aussi parce qu’elle fluctue suivant la position géographique qu’occupe le narrateur, un romancier d’origine haïtienne. Écrire en Amérique du Nord, en Haïti, ou encore dans cet espace fantasmatique que nous nommerons l’“entre-deux-langues”, ne commande pas les mêmes stratégies narratives ni ne suscite les mêmes préoccupations chez l’écrivain. De Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer (1985) à Pays sans chapeau (1996), l’identité du narrateur évolue de concert avec l’expression littéraire de Laferrière. Plus qu’une simple coïncidence, cette double progression s’effectue dans un rapport de causalité, car au fur et à mesure que l’auteur investit son travail romanesque d’une sensibilité créole, l’histoire personnelle du personnage se précise. Le premier chapitre fait office d’introduction au corpus et circonscrit les stades de l’évolution qui s’y profile. La seconde partie du travail porte sur les conditions du migrant haïtien en Amérique du Nord. Bien que des préoccupations d’ordre matériel amènent le protagoniste à prendre la plume, des motivations plus profondes se trouvent à l’origine de son projet. En effet, dans les romans de l’“arrivée en ville”, il existe un rapport d’équivalence entre le fait de devenir écrivain et celui de devenir quelqu’un. Par la voie de la création, le sujet s’emploie à reconquérir la dignité que lui a fait perdre le regard déshumanisant de l’Autre. La traversée des frontières linguistiques s’avère un enjeu capital de l’expérience migratoire. Le troisième chapitre questionne l’espace marginal qu’occupe la langue vernaculaire qui apparaît, dans les romans de Laferrière, comme objet du discours et non comme pratique discursive : le narrateur ne parle pas créole, mais parle du créole. Nous examinerons, par le fait même, son problème de lectorat et les débats que suscite la créolisation littéraire. En dernière analyse, nous verrons dans quelle mesure le discours pictural primitif traverse Pays sans chapeau et comment les emprunts aux techniques de l’art naïf font de ce roman un tableau scripturaire et inédit de la société haïtienne.  Ce rapport de filiation artistique, dans lequel s’inscrit le roman, permettra de saisir le caractère mouvant et ouvert de la créolité qui, comme toute identité culturelle, se trouve en constant devenir.

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MATHIS-MOSER, Ursula, « Déplacement continuel, “chronique de la dérive douce” : Dany Laferrière et l’écriture de l’“hétérogène” », dans Béatrice Bagola (dir.), Le Québec et ses minorités. Acte du Colloque de Trèves du 18 au 21 juin 1997 en l’honneur de Hans-Josef Niederehe, Max Niemeyer Verlag, Tübinger, 2000, p. 157-171. +++ Chapitre de collectif

###« Parmi les phénomènes culturels qui ont marqué les années 80, l’interrogation du même et de l’autre a été cruciale. Cette question se pose dans un contexte post-national et provoque un foisonnement de concepts critiques dont le dénominateur commun est la soi-disant “pensée de l’hétérogène”, autrement circoncrite par des penseurs contemporains par dérive(s), transculture, parole métèqueou triangulation des cultures. “Dérives” - tel est aussi le titre d’une revue interculturelle fondée par un Haïtien et consacrée aux échanges culturels, aux “tierces expressions en marche au Québec, en Afrique, en Amérique latine, en Asie, etc.”, aux “nouvelles pensées critiques”. Et finalement le mot dérive brille énigmatiquement dans le titre de deux romans d’écrivains d’origine haïtienne : Sainte Dérive des cochons (1977) par Jean-Claude Charles et Chronique de la dérive douce(1994) par Dany Laferrière. » ###

CHOQUET, Isabel, « Montréal, espace à consommer dans Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière et Les aurores montréales de Monique Proulx », Interférences Littéraires-Literaire Interferenties, n° 13 (juin 2014), p. 135-148. +++ Article de revue

### Résumé
Bien que leur expérience du Québec diffère radicalement, Dany Laferrière, écrivain d’origine haïtienne ayant migré à vingt-trois ans dans la province québécoise, et Monique Proulx auteur québécois « pure laine », soulèvent des questions communes à travers leurs portraits de Montréal. Chronique de la dérive douce et Les aurores montréales dépeignent en effet tous deux Montréal de façon provocante : ces oeuvres réduisent la métropole québécoise à un espace de consommation sans caractère propre. En s’appuyant sur les concepts de « surmodernité » et de « non-lieu » de Marc Augé, cet article montre que les deux oeuvres mettent à mal les représentations idéalisées de Montréal comme modèle du multiculturalisme. Alors que les auteurs se focalisent sur le quotidien de leurs personnages, la métropole disparaît derrière le grouillement de vies, de besoins et de désirs de ses habitants. Noyée sous un foisonnement de signes incohérents, Montréal devient alors une jungle urbaine anonyme consommée et exploitée par ses habitants les plus résilients.

Choquet, 2014, PDF ###

SATYRE, Joubert, « Non-lieux et déterritorialisation, tropicalisation et reterritorialisation dans Passages d’Emile Ollivier et Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière », Voix Plurielles, vol. 5, n° 2 (décembre 2008), p. 80-89. +++ Article de revue

### Résumé
Dans les littératures migrantes, l’espace est souvent un lieu de passage, hostile et vide de toute dimension humaine. Pour (re)trouver ses repères, le personnage migrant doit reconfigurer ce « non-lieu» qu’est le pays d’accueil, au risque d’en faire le terrain d’un conflit irrésolu entre deux cultures. Parfois, l’espace de la migration se mue alors en théâtre de l’entre-deux. Cet article tente d’analyser les processus de reterritorialisation de l’espace de la migration dans Passages d’Émile Ollivier et Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière, en partant de l’hypothèse qu’il y a des liens entre non-lieux et déterritorialisation ainsi qu’entre tropicalisation et reterritorialisation.

Satyre, 2008, PDF ###

BRAZIEL, Jana Evans, « From Port-au-Prince to Montréal to Miami: Trans-American Nomads in Dany Laferrière’s Migratory Texts », Callaloo: A Journal of African-American and African Arts and Letters, vol. 26, n° 1 (hiver 2003), p. 235-251. +++ Article de revue

### Braziel, 2003, HTML ###

Chronique de la dérive douce (oeuvre)
TitreChronique de la dérive douce
AuteurDany Laferrière
Parution1994
TriChronique de la dérive douce
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