Auteurs contemporains

Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine

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La Grande Beune

la_grande_beune.jpg Pierre Michon, La Grande Beune, Lagrasse, Verdier, 1996, 87 p.

« Quand il arrive à Castelnau, un village au fin fond de la Dordogne, tout près de Lascaux, le narrateur a vingt ans. C’est son premier poste. Derrière le rideau gris des pluies de septembre, entre deux dictées, le jeune instituteur s’abandonne aux rêves les plus violents – archaïques, secrets et troubles comme les flots que roule, en contrebas des maisons, la Grande Beune.
Dans ces contrées où se rejoue encore dans une forme ancienne l’origine du monde, le sexe sépare deux univers. Celui des hommes, prédateurs, frustes mais rusés – terriblement. Et puis celui des femmes, autour de deux figures que l’écrivain campe magistralement.
Hélène l’aubergiste, mère emblématique, et Yvonne, à la beauté royale, qui suscite chez le narrateur une convoitise brûlante et toutes les variations d’un émoi qu’il nous fait partager au rythme de sa phrase : emportée comme un galop de rennes dans une ère révolue, retournée en une scène grotesque où des enfants exhibent l’animal vaincu, mordante ou fuyante comme le loup des peintures rupestres. »
(Quatrième de couverture)

Documentation critique

NITSCH, Wolfram, « Une écriture caverneuse. Médiologie et anthropologie dans La Grande Beune de Pierre Michon », dans Ivan FARRON et Karl KÜRTÖS (dir.), Pierre Michon entre pinacothèque et bibliothèque. Actes de la journée d’études organisée à l’Université de Zurich le 31 janvier 2002, New York / Berne, Peter Lang (Variations, vol. 4), 2003, p. 141-157. +++ Chapitre de collectif

###Extrait, p. 141-143
« Dans l’œuvre narrative de Pierre Michon, qui a grandi à l’ombre du Nouveau Roman, la mise en abyme de l’écriture, à savoir sa représentation oblique par elle-même, reste un procédé important. Mais elle y assume une fonction beaucoup plus complexe que celle que lui assigne la théorie du Nouveau Roman forgée par Jean Ricardou. Car au lieu de fermer le texte sur lui-même, de le couper de tout contexte culturel, elle l’ouvre sur une réflexion médiologique et anthropologique. D’une part, l’écriture s’y présente fréquemment  comme un médium, c’est-à-dire un moyen matériel de transmission ou d’enregistrement lié à une institution culturelle. Dans Vie de Joseph Roulin (1988), par exemple, le regard postal du protagoniste fait voir la matérialité de l’écriture et de la peinture : le facteur Roulin “ne lit pas entre les lignes, mais les lignes mêmes”, de même que sous ses yeux d’entreposeur les tableaux de son ami Van Gogh se transforment en simples toiles chiffrables et transposables, en une “sainte marchandise enroulée” (VR 41). D’autre part, l’écriture chez Michon se caractérise souvent comme une extension de l’homme, une prolongation de ses organes, par laquelle il extériorise et en même temps stimule les activités qui lui sont propres. C’est notamment le cas dans Vies minuscules, où l’usage de l’écriture est ainsi dire ramené à son degré zéro, puisque la plupart des protagonistes campagnards dans lesquels se reflète le narrateur écrivain ne lisent et n’écrivent qu’à grand-peine ou pas du tout. […] À partir de ces allusions, j’essayerai de montrer comment dans le seul récit purement fictionnel de Michon s’esquisse une médiologie anthropologique de l’écriture – et combien une discipline dénominée  ainsi peut apprendre à son tout par la lecture de celui-ci. » ###

BLANCKEMAN, Bruno, « Pierre Michon : une poétique de l’incarnation », dans Agnès CASTIGLIONE (dir.), Pierre Michon, l’écriture absolue. Actes du 1er colloque international Pierre Michon, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2002, p. 145-151. +++ Chapitre de collectif

FARRON, Ivan, « Terre(s) du désir. La Grande Beune ou l’écriture absolue », L’esprit créateur, vol. 42, n° 2 (été 2002), p. 62-75. +++ Article de revue

###Extrait, p. 62-63
« La Grande Beune, […] peu étudiée jusqu’à présent, constitue la première–et encore unique–tentative– de fiction pure de Pierre Michon. Comme dans toute l’œuvre de Michon, l’évocation de la province et de la terre ne s’y réduit pas à un quelconque régionalisme littéraire. À l’aide d’une langue à la forte densité poétique et symbolique, les manques et les désirs qui peuplent cet univers expriment un archaïsme universel “comme le démontre” cette petite étude sur La Grande Beune. »

Farron, 2002, PDF ###

OUELLET, Pierre, « Le roman de la terre », dans Asiles. Langues d’accueil, Montréal, Fides (Métissages), 2002, p. 133-146. +++ Monographie

###Extrait
« Le roman de la terre fait ses semailles dans une langue fertile en sens et en silences puis fait les foins dans la vie même et les vendanges dans le vrai monde. Il tire un vin plus lourd que la mémoire, pétrit un pain plus dur que notre histoire : cette préhistoire de l’homme qui n’est pas venu sur terre encore, préférant l’ombre, les grottes et les cavernes, les combes et les avens, creusés dans le roc et dans la boue, où il se cache désespérément du ciel et de sa lumière, vivant fin seul dans les dessous. […] Michon, Millet et Bergounioux savent cultiver le désir dans l’homme comme les terres arides de notre monde, bientôt fertiles entre leurs mains, prodigues de blé mûr, de raisin frais, de seigne amer, aussi, d’herbes acides. Ils nous remettent sur terre, notre ciel second […]. » ###

DELASSUS, Laëtitia, « L’écriture narrative de Pierre Michon et Richard Millet », thèse de doctorat, faculté des lettres, Université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), 2006, 526 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

###Résumé
« Ce travail propose d’étudier conjointement les écritures contemporaines de Pierre Michon et Richard Millet, à travers leurs oeuvres respectives : Vies minuscules, La grande Beune et La gloire des Pythre, L’Amour des trois soeurs Piale. Enracinés dans le terroir limousin pour l’un, corrézien pour l’autre, ces récits se donnent comme des lieux de mémoire et de rédemption, des tombeaux vivants pour des êtres minuscules voués à l’oubli. Mais sauver du silence des êtres anonymes en transformant leur existence, réelle ou imaginaire, en légende, c’est dépasser la sphère de la simple biographie rurale pour pénétrer celle de la fiction romanesque : oscillant de fait entre vérité et mensonge, tissant les voix comme autant de rets, le récit tente, par des détours multiples, de rendre une réalité qui se dérobe sans cesse. De cette vanité du langage et de leur entreprise, les narrateurs ne sont pas dupes mais la langue n’en reste pas moins, à la fois en tant que motif obsédant et matériau incontournable, l’enjeu fondamental de leurs écritures qui tantôt l’idolâtrent tel un fétiche, tantôt la rejettent avec violence. En outre, par son aspect charnel, le dire des deux auteurs tend à donner épaisseur à la réalité mais achoppe inéluctablement à une interrogation obsédante : comment donner à voir l’invisible et l’absence ? L’exploration des recoins du langage et de ses potentialités est l’une des voies empruntées pour tenter de se libérer des mythologies de l’échec et de la perte. Livrant bataille avec leur propre impossibilité et leur artifice, ces oeuvres laissent sourdre la tension qui préside à leur déploiement, entre le désir fantasmé et l’imposture de leur accomplissement. » ###

CASTIGLIONE, Agnès, « L’espace crypté dans La Grande Beune de Pierre Michon », dans Pierre MASSON (dir.), L’envers du décor : duplicité du paysage littéraire, Nantes, Éditions Pleins Feux (Horizons comparatistes), 2003, p. 191-206. +++ Chapitre de collectif

BERTHIER, Philippe, « Paysage et a-modernité : La Grande Beune de Pierre Michon », dans Aline BERGÉ et Michel COLLOT (dir.), Paysage & modernité(s), Bruxelles, Ousia, (Recueil), 2008, p. +++ Chapitre de collectif

MÉVEL, Yann, « Une Poétique de l’ambivalence: La Grande Beune, de Pierre Michon », dans Pierre BAZANTAY et Jean CLÉDER (dir.), De Kafka à Toussaint: écritures du XXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 125-134. +++ Chapitre de collectif

TITUS-CARMEL, Gérard, « Temps mort (Parages de La Grande Beune) », dans Pierre-Marc DE BIASI, Agnès CASTIGLIONE et Dominique VIART (dir.), Pierre Michon : la lettre et son ombre. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, août 2009, Paris, Gallimard, 2013, p. 304-318. +++ Chapitre de collectif

CASTIGLIONE, Agnès, « Territoire du mythe : La Grande Beune de Pierre Michon », dans Laurent DEMANZE (dir.), dossier « Pierre Michon : La Grande Beune, Trois auteurs et Abbés », Roman 20-50, n° 48 (2009), p. 21-30. +++ Article de revue

CASTIGLIONE, Agnès, « Le sentiment géographique dans La Grande Beune de Pierre Michon », Siècle 21, dossier « Pierre Michon et la fiction autobiographique », n° 12 (printemps-été 2008). +++ Article de revue

### Extrait d’un compte rendu)
Dans « Le sentiment géographique dans la Grande Beune de Pierre Michon », Agnès Castiglione part du constat que La Grande Beune se démarque, par son caractère romanesque notamment — même si l’adjectif pose question —, des autres livres de l’auteur. Mais son propos est de montrer, en passant par l’étude des valeurs accordées aux lieux dans ce récit, qu’en réalité, La Grande Beune se rattache au thème principal de l’œuvre michonienne en posant, certes sous une forme différente, elle aussi la question de la création et de l’origine. Cet article précis et détaillé a également le mérite de mettre en perspective l’œuvre de Pierre Michon en signalant de façon répétée les liens qu’elle peut avoir avec des auteurs antérieurs, à savoir l’auteur du Grand Meaulnes, Alain Fournier, et Georges Bataille, auteur de Lascaux ou la naissance de l’art. ###

La Grande Beune (oeuvre)
TitreLa Grande Beune
AuteurPierre Michon
Parution1996
TriGrande Beune
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