Pascal Quignard Paris, Mercure de France, 1974, 200 p.
« Pontus de Tyard rapporte qu’après la parution, en 1544, de la Délie de Scève, à un lecteur rebuté, qui fronçait le sourcil, et jetait “sus la table, à demy courroucé” un exemplaire du livre, il dut répondre qu’aussi bien “se soucioit bien peu le seigneur Maurice que sa Delie fust veue ny maniée des veaux”. Ainsi, du vivant même de Scève jusqu’à la fin du XIXe siècle, se perpétua l’image d’un poète “hermétique” (qu’au XVIe siècle Fontaine rapprochait de Dante, qu’au XIXe siècle Faguet renvoyait à Lycophron et à Mallarmé). Par un mouvement inverse, dès le début du XXe siècle se multiplièrent les éditions partielles ou savantes, et les essais ou les recherches érudites, s’efforçant de mettre au goût du jour et d’apporter quelque lumière sur cette oeuvre oubliée et réputée obscure. Se refusant à ce double mouvement, n’allant ni vers un Scève “obscur” ni vers un Scève “clair”, ces pages tentent l’entreprise peut-être singulière, sans nul doute périlleuse, de relire la Délie “dans le texte”, de questionner vers cet oubli lui-même dont cette oeuvre ne fut pas “sans raison” frappée, d’interroger cette exigence sans exemple, incomparable qui entreprit de fonder un langage capable de la nomination de l’autre au sein de la relation d’amour – bref : de restituer cette parole au chaos propre de sa voix. » (Quatrième de couverture)
CAMPAGNOLI, Ruggero, « Scève : l’Höderlin de Quignard », dans Adriano MARCHETTI (dir.), Pascal Quignard, la mise au silence, Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 151-160. +++ Chapitre de collectif
###« Le texte de Pascal Quignard sur La Parole de la “Délie” s’ouvre en effet sur la “vide praesentia” (PD, 13) du livre de Scève. Cet oxymoron se pose au centre d’un double mouvement, qui présente d’une part, dans le vécu du lecteur philosophe face au livre même, le statut oxymorique de tout recueil de poèmes d’amour placés dans la tradition pétrarquiste ; d’autre part l’oxymoron est relancé sur l’écran du phantasme ontologique, de l’impossibilité de convoquer l’être dont l’absence est angoissante et de vider l’angoisse de son absence en niant sa pertinence incontournable au logos : vide présent et présence du vide. » (Extrait, p. 153) ###
La parole de la Délie. Essai sur Maurice Scève (oeuvre) | |
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Titre | La parole de la Délie |
Auteur | Pascal Quignard |
Parution | 1974 |
Tri | parole de la Délie |
Afficher | oui |