La place

Annie Ernaux - Paris, Gallimard (Coll. Blanche), 1983, 120 p.

la_place.jpg

« La narratrice, qui n’est autre que l’auteur, a perdu son père l’année même où elle est devenue professeur. Cette mort, à laquelle elle a assisté, a marqué sa conscience d’une manière indicible. Plusieurs années après, elle entreprend le récit de la vie de son père, d’abord garçon de ferme, puis ouvrier d’usine, petit commerçant enfin. Se fondant sur des faits, des photos, des souvenirs de scènes précises et de phrases souvent entendues, elle rend sensible la condition de son père, la faible marge de liberté qui lui fut accordée pour se faire sa “place au soleil”. Surtout, elle s’attache à décrire cette distance séparant peu à peu une fille, étudiante, mariée bourgeoisement, d’un père travailleur manuel qu’elle aime et qui l’adore.

Mais Annie Ernaux ne ressuscite pas seulement l’image d’un père, elle met au jour avec minutie tout un héritage culturel, coutumes, goûts, valeurs, l’héritage culturel des dominés, qu’elle a dû oublier pour monter dans l’échelle sociale.

Les difficultés et la psychologie du petit commerçant, les humiliations sociales, la déchirure de classe à l’intérieur même de la famille, tout cela est relaté avec pudeur et force dans un style dépouillé à l’extrême, qui donne à cette oeuvre une densité bouleversante. » (quatrième de couverture)

Documentation critique

GARAUD, Christian, « Écrire la différence sociale : registres de vie et registres de langue dans La place d’Annie Ernaux », dans French Forum, vol. 19, no 2 (mai 1994), p. 195-214. +++ Article de revue

###Étude des rapports entre langue et classe sociale dans La Place.###

IGBOEMEKA, Adeze, « Writing on the Father’s Tomb : Hysteria and the Father-Daughter Relationship in Contemporary French Women’s Writing », thèse de doctorat, Department of French, University of Toronto, 2000, 297 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

###« This thesis is a study of the father-daughter relationship and how it is bound to the issue of feminine subjectivity and writing. The main aim of the study is to examine the complexities of the father-daughter relationship in order to demonstrate how it is represented in certain contemporary women writer’s work as a means of dissenting from the organization of sexual difference, as a means of questioning the paternal function. Through close textual analysis of selected works by Hélène Cixous, Marie Redonnet and Annie Ernaux, the dissertation examines how the paternal figure is implicated in the daughter / heroine’s coming of age as a woman in their texts. The textual analyses concentrate on how a hysteric structure is staged in each writer’s work, a structure that is read as the articulation of dissent from woman’s place in the social order. The work begins with an introduction to the problem and to the key psychoanalytical concepts that will be used. In Chapter 2, Hélène Cixous’s Dedans (1969) and Or : les lettres de mon père (1997) are studied. Cixous’s work presents the father as the ultimate object of desire and stages the relationship to the father as the basis for her writing. Chapter 3 takes up the work of Annie Ernaux, concentrating on La Place (1983) and La Honte (1997), where a portrait of the father as a humiliated figure is developed. The attachment and identification with the father are analyzed to show how the hysteric structure supports the author’s critique of gender and class. A discussion of Marie Redonnet’s trilogy – Splendid Hôtel (1986), Forever Valley (1987), and Rose, Mélie, Rose (1987) – constitutes the fourth chapter. The three heroines’ attempts at creating a work of sublimation are progressively investigated while regarding the role of the father. The textual analyses trace out each author’s problematizing of women’s subjectivity and discuss how the question of writing as a woman is addressed in the works. »

La version PDF de la thèse est disponible pour les membres de communautés universitaires qui ont un abonnement institutionnel auprès de UMI - Proquest. ###

JONES, Tony et Loraine DAY, Ernaux. La Place/Une Femme, Glasgow, University of Glasgow French and German Publications, 1990,  96 p. +++ Monographie

MACÉ, Marie-Anne, « Des narrations en quête d’identité. La Place, Annie Ernaux ; L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord, Marguerite Duras », dans Bruno BLANCKEMAN, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2004, p. 35-43. +++ Chapitre de collectif

###« En adoptant une simplicité apparente, certains écrivains, comme Annie Ernaux avec La Place (1983) et Marguerite Duras avec L’Amant et L’Amant de la Chine du Nord (1991), ne renouent pas pour autant avec des formes narratives passéistes. Le sujet, certes présent, reste en même temps tenu à distance par l’écriture fragmentaire, le jeu de la désignation, des pronoms personnels, par une “écriture plate” chez Annie Ernaux et la pulvérisation de l’histoire chez Marguerite Duras. Toutefois, ces récits incarnent pour leur auteur un tournant dans leur travail : Annie Ernaux se trouve une nouvelle manière d’écrire qu’elle continue aujourd’hui encore d’exploiter et Marguerite Duras devient un auteur populaire, obtient la reconnaissance du monde littéraire par le prix Goncourt. On a le sentiment d’être à une époque charnière. » (Extrait de l’introduction, p. 35) ###

MCILVANNEY, Siobhan, « Writing Relations : The Auto/biographical Subject in Annie Ernaux’s La Place and Une Femme », dans Journal of the Institute of Romance Studies, vol. 7 (1999), p. 205-215. +++ Article de revue

MCILVANNEY, Siobhan,« Annie Ernaux : un écrivain dans la tradition du réalisme », dans Revue d’histoire littéraire de la France, vol. 98, no 2 (mars-avril 1998), p. 247-266. +++ Article de revue

###Réalisme dans La place et Une femme.###

MORELLO, Nathalie, « “Faire pour la mère ce qu’elle [n’]avait [pas] fait pour le père” : étude comparative du projet autobiographique dans La place et Une femme d’Annie Ernaux », dans Nottingham French Studies, vol. 38, no 1 (printemps 1999), p. 80-92. +++ Article de revue

MOTTE, Warren, « Annie Ernaux’s Understatement », dans French Review, vol. 69, no 1 (octobre 1995), p. 55-67. +++ Article de revue

### « Since the publication of Les Armoires vides in 1974, Annie Ernaux has established a place for herself in contemporary French literature as a distinctive voice of the personal. Throughout her career, she has wagered on a rare simplicity of style, an expressive austerity that has become in a sense her writerly signature. This essay examines that stylistic strategy locally, as it is played out in La Place, the story of a woman’s attempts to come to terms with her father’s death, with their life together, with the concept of class in society and, finally, with the craft of writing. » (résumé joint à l’article)

###

OLIVER, Annie, « Écritures de femmes et autobiographie : La place de Annie Ernaux », dans Studi Francesci, vol. 46 (mai-août 2002), p. 391-407. +++ Article de revue

ROCHE, Christian, « Trahison et littérature dans La Place d’Annie Ernaux », dans Women in French Studies, vol. 7 (1999), p. 133-141. +++ Article de revue

###Étude de l’autobiographie, de la narration au féminin et de la trahison dans La Place.###

AÏT BOUNOUA, Fatima, « L’implicite et la polyphonie dans La place d’Annie Ernaux », mémoire de maîtrise, faculté des lettres et langues, Université de Poitiers, 2001, 164 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

DUBOIS, Jacques, « Une socio-analyse à l’oeuvre dans La Place », dans Fabrice THUMEREL (dir.), Annie Ernaux, une œuvre de l’entre-deux, Arras, Presses de l’Université d’Artois, 2004, p. 151-162. +++ Chapitre de collectif

###« Dans une perspectivre d’une étude des relations entre fiction et savoir sociologique, nous approcherons ici l’oeuvre d’Annie Ernaux. Cette oeuvre s’offre comme un objet d’investigation idéal à cet égard tant la problématique sociale s’y trouve au coeur même de la représentation — sous la forme par exemple de tout ce qui relève des distinctions de classe et des habitus correspondants  — et tant elle est thématisée par l’écrivain même. Il s’agit donc bien d’une production romanesque qui renoue avec la tradition réaliste, cette esthétique sérieuse que décrivait Auerbach, et qui la renouvelle rien qu’à allier une simplicité exigeante de la figuration à une sophistication de la pensée. » (extrait, p. 153) ###

BOUCHY, Florence, La Place, La Honte d’Annie Ernaux, Paris, Hatier (Profil d’une oeuvre), 128 p. +++ Monographie

###

Sommaire

Première partie : résumés et repères pour la lecture

Deuxième partie : problématiques essentielles

1. La Place et La Honte dans l’oeuvre d’Annie Ernaux

2. La Place : une “auto-socio-biographie”

3. La Place : une “écriture plate”

4. La structure de La Place

5. Père et fille dans La Place

6. Langage et culture dans La Place

7. Qu’est-ce que la “honte” ?

8. “Ethnologue de moi-même” : le travail de la mémoire dans La Honte

9. La Honte : écrire l’indicible

Troisième partie : lectures analytiques

###

SALGAS, Jean-Pierre, « Défense et illustration de la prose française », dans Michel BRAUDEAU, Lakis PROGUIDIS, Jean-Pierre SALGAS et Dominique VIART, Le roman français contemporain, Paris, Ministère des affaires étrangères - ADPF, 2002, p. 73-127. +++ Chapitre de collectif

CHAUDIER, Stéphane, « Rhétoriques du social », dans Michel COLLOMB (dir.), L’empreinte du social dans le roman depuis 1980, Montpellier, Université Paul-Valéry (Centre d’étude du XXe siècle), 2005, p. 133-146. +++ Chapitre de collectif

### Portraits d’écrivains en “sociologues intuitifs”: La place d’Annie Ernaux et L’héritage de Pierre Bergounioux. ###

ROUDAUT, Jean, « Comment taire ? », dans Tra-jectoires, no 3 (juin 2006), p. 58-59. +++ Article de revue

AL-BAHWAY, Sayed, « Note : Problèmes de traduction en langue arabe », dans Tra-jectoires, no 3 (juin 2006), p. 87-88. +++ Article de revue

BLISS, Jennifer Anderson, « Writing as Flat as a Photograph : Subjectivity in Annie Ernaux’s La Place », dans Literature Interpretation Theory, vol. 24, no 2 (avril-juin 2013), p. 164-183. +++ Article de revue

###

SAVÉAN, Marie-France, La place et Une femme d’Annie Ernaux, Paris, Gallimard, 1994, 225 p. +++ Monographie

### « Faussement simples, austères dans leur écriture et leur démarche, La place et Une femme ont touché un vaste public, ce qui incite à chercher les causes de cette entente immédiate entre l’auteur et ses lecteurs. Sans doute, l’air du temps, les prédilections culturelles de nos contemporains justifient-ils, dans une certaine mesure, l’intérêt porté aux deux œuvres. Mais l’essentiel réside dans le talent dont Annie Ernaux a fait preuve, passant du style incisif de ses premiers romans à une rigueur toute classique. » (résumé joint à la monographie) ###

JURT, Joseph, « Littérature et sociologie: De Balzac à Annie Ernaux », dans Marie BURKHARDT, Annatina PLATTNER et Alain SCHORDERET (dir.), Parallélismes: Mélanges de littérature et d’analyse culturelle offerts à Peter Fröhlicher, Tübingen, Gunter Narr, 2009, p. 65-74. +++ Chapitre de collectif

LIVESCU, Simona, « (Im)Possible representations: The place of negativity in autobiographical writing », dans Comparatist, vol. 31 (mai 2007), p. 50-66. +++ Article de revue

### Cet article traite aussi de Une femme. ###

THIEL-JANCZUK, Katarzyna, « Altérité et fraternité: À propos de la filiation chez Patrick Modiano, Pierre Michon et Annie Ernaux (Livret de famille, Vies minuscules, La place) », dans Études romanes de Brno, vol. 37, no 28 (2007), p. 47-55. +++ Article de revue

MERLIN, Cindy, « La traduction américaine du roman français contemporain », thèse de doctorat, department of French and Italian, University of Colorado, 2009, 245 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

### « La pensée française occupe depuis les années 1940 une place particulière aux Etats-Unis. De Jean-Paul Sartre à Albert Camus, Marguerite Duras et Claude Simon, en littérature comme en sciences humaines, les auteurs des années d’après-guerre ont ancré dans l’esprit américain l’image d’une culture française intellectuelle, brillante et novatrice. Pourtant une fois l’enthousiasme de l’existentialisme et du Nouveau Roman passé, ce qui avait séduit et fasciné est devenu aux yeux du public américain trop formaliste, narcissique et prétentieux, autant de conceptions dont la littérature française a longtemps souffert dans les années 1970 et 1980. Depuis une vingtaine d’années toutefois, elle semble avoir repris sa place aux Etats-Unis.

Aujourd’hui des auteurs tels qu’Annie Ernaux, Maryse Condé, Jean Echenoz, Patrick Chamoiseau et Jean-Philippe Toussaint ont par la qualité et la variété de leur écriture et de leurs sujets redéfini le roman français et ravivé l’intérêt des lecteurs et des éditeurs outre-Atlantique. Tous largement traduits, ils composent aux côtés de nombreux autres le tableau d’une littérature nouvelle et suffisamment riche pour interpeller la diversité des publics américains.

Pourtant avec la traduction vient la réappropriation. Le texte est tout d’abord revisité par son traducteur, puis par les éditeurs et les critiques. C’est sur cette conception de l’acte de traduction comme phénomène de réappropriation que repose cette étude. À travers l’examen de la traduction, de la promotion et de la réception de La Place d’Annie Ernaux, Lac de Jean Echenoz, La Salle de bain de Jean-Philippe Toussaint et La Médaille de Lydie Salvayre, elle vise à montrer que chacun de ces écrivains a été traduit aux Etats-Unis parce qu’il met en avant dans son oeuvre des traits distinctifs qui interpellent le public américain. Ce sont ces traits que les traducteurs, les éditeurs et les critiques discernent et s’approprient, produisant, infirmant ou consolidant par là même une certaine image de la littérature française contemporaine. » (résumé joint à la thèse)

La version PDF de la thèse est disponible pour les membres de communautés universitaires qui ont un abonnement institutionnel auprès de UMI - Proquest. ###

La place (oeuvre)
TitreLa place
AuteurAnnie Ernaux
Parution1983
Triplace
Afficheroui