La Sorcière

Marie NDiaye, La sorcière, Paris, Éditions de Minuit, 1996, 176 p.

« Quand mes filles eurent atteint l’âge de douze ans, je les initiai aux mystérieux pouvoirs. Non pas tant, mystérieux, parce qu’elles en ignoraient l’existence, que je les leur avais dissimulés (avec elles, je ne me cachais de rien puisque nous étions du même sexe), mais plutôt que, ayant grandi dans la connaissance vague et différente de cette réalité, elles ne comprenaient pas plus la nécessité de s’en soucier ni d’avoir, tout d’un coup, à la maîtriser d’une quelconque façon, qu’elles ne voyaient pas l’intérêt pour elles d’apprendre à confectionner les plats que je leur servais et qui relevaient d’un domaine aussi lointain et peu palpitant. »
(Extrait de l’incipit, Éditions de Minuit, 1996.)

Documentation critique

MOTTE, Warren F., « Marie NDiaye’s Sorcery », dans Fables of the Novel : French Fiction since 1990, Normal, Ill., Dalkey Archive Press, 2003, p. 113-134. +++ Monographie

FLOREY, Sonya, « Personnages en quête d’eux-mêmes (Marie NDiaye). L’identité en question », Versants, n° 52 (2006), p. 31-51. +++ Article de revue

###« On peut […] se demander comment le jeu de l’identité et de la mémoire, entre exercice éprouvant, incessant, ou amnésie, affecte le devenir de certains personnages significatifs dans La sorcièreet Rosie Carpe. Il s’agira ensuite de placer les résultats de cette lecture immanente dans un plus large débat : les thèses de Freud et de Lacan sur la question de l’identité personnelle serviront de point de départ, puis on s’intéressera au versant sociologique, en appréciant les dérives identitaires par rapport à un contexte contemporain placé sous le signe de l’errance et de la fragmentation. Enfin, l’ouvrage Soi-même comme un autre[Ricoeur] permettra d’éclairer les instabilités des personnages de Marie Ndiaye à la lumière de la théorie ricoeurienne de l’identité. » ###

LANDRY, Pierre-Luc, « L’ÉQUATION DU TEMPS suivi de Étrangeté narrative et présence du surnaturel : le récit amnésique dans La Sorcière de Marie NDiaye », mémoire de maîtrise, département des littératures, Université Laval, 2009, 220 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

### Résumé
Ce mémoire de maîtrise se divise en deux parties. L’équation du temps consiste en un travail de création littéraire qui questionne les narrations plurielles ainsi que l’ordre et la forme de la suite événementielle. Le temps et l’espace sont fragmentés afin de créer des interférences entre les personnages et les différentes temporalités, qui se chevauchent sans vraiment se rencontrer. Cet univers de fiction se situe entre le roman de la route, l’étrange et le réalisme psychologique et permet à trois personnages d’évoluer dans des quotidiens qu’ils tentent de rendre meilleurs ou de fuir. Étrangeté narrative et présence du surnaturel : le récit amnésique dans La Sorcière de Marie NDiaye est un essai théorique qui s’intéresse à la fin insoluble du roman La Sorcière de Marie NDiaye. L’essai analyse l’étrangeté de l’état final du roman et questionne sa structure, ainsi que la présence simultanée de naturel et de surnaturel dans un même cadre de référence.

Abstract
This Master’s Dissertation splits in two parts. The Equation of Time is a creative writing work, which interrogates the following issues: the plural narrations and the order and the form of the tale told by the story. Time and space cmmble in order to create interferences between the characters and the various temporalities, which overlap without really coming across. This fictitious world is set in-between the road novel, the strange and the psychological realism and it allows the characters to develop in everyday lives they try to improve, or to escape. Narrative Strangeness and the Supernatural: the Amnesic Tale in Marie NDiaye’s La Sorcière is an essay that takes an interest in the unsolvable final part of the novel La Sorcière by Marie NDiaye. The essay analyses the strangeness of the novel’s ending and interrogates its structure, along with the simultaneous presence of natural and supernatural in the same reference frame.

Landry, 2009, PDF ###

MBARGA, Christian, « Femmes entre résistance, révolte et affirmation. Pour une ré-appropriation identitaire chez Marie Ndiaye », @nalyses, vol. 9, n° 3 (automne 2014), [en ligne]. +++ Article de revue

### Résumé
Quels moyens utilise la femme pour vaincre la peur et pour résister aux pressions d’une société très largement encore patriarcale ? La construction d’une mémoire collective au féminin est-elle une solution viable ? Dans La Sorcière, Marie Ndiaye, écrivaine de la nouvelle génération, approche ce thème de la résistance par un processus que l’on pourrait qualifier de « ré-appropriation identitaire » et qui conduirait à l’affranchissement et à la liberté de façon très particulière. Son outil de choix pour les femmes : la pratique de la sorcellerie.

Mbarga, 2014, PDF ###

MERCIER, Andrée, « La Sorcière de Marie NDiaye : du réalisme magique au banal invraisemblable », @nalyses, vol. 4, n° 2 (printemps-été 2009), [en ligne]. +++ Article de revue

### Résumé
Représentatif de l’œuvre de NDiaye, le roman La sorcière (Minuit, 1996) semble multiplier les rapports au réel : merveilleux, fantastique, réalisme magique, quotidien et banalité y cohabitent. La narratrice et personnage principal est une sorcière, prénommée Lucie, dotée de pouvoirs de divination somme toute modestes, habitant dans un « petit lotissement de pavillons neufs ». Mère de deux filles qui se révéleront beaucoup plus douées qu’elle pour la magie, elle voit sa vie et son identité lui échapper peu à peu : son mari et ses filles la quittent, elle échoue à réconcilier ses parents, elle perd toutes ressources financières et se retrouvera même en prison. Le but de notre étude est de montrer comment divers rapports au réel prennent forme dans ce roman et, plus particulièrement, comment l’effritement du réel tient moins aux éléments attestés de merveilleux (la présence de sorcières, de métamorphoses et d’apparitions), ou à une problématisation du surnaturel par le fantastique, qu’à un invraisemblable qui prend précisément sa source dans le banal et le quotidien. Il s’agira ensuite de voir en quoi ce rapport au réel démultiplié s’articule autant à la déconstruction identitaire de Lucie qu’à une poétique de la fiction.

Abstract
Representative of the work of NDiaye, the novel La sorcière (The Witch) (Minuit, 1996) appears to multiply the ties with reality: fantasy, magical realism, routine and banality all coexist on the same level of relevance. The narrator and protagonist is a witch named Lucie, who has modest powers of divination and lives in a “small subdivision of new bungalows”. Being the mother of two young girls (more gifted as witches than herself), she is slowly losing the control of her life and identity: her husband and daughters are leaving her, she attempts and fails to reconcile her estranged parents, she loses her home and savings before ending up in jail. The objective of this study will be to demonstrate how different connections with reality coexist in this novel and more particularly, how this crumbling of reality is less the consequence of the presence of attested elements of fantasy (witches, metamorphosis and apparitions) or of the problematization of supernatural and fantasy, than from the unlikelihood coming from the banality and routine. Then, the demonstration will be focused on how this multitude of rapports to reality can articulate, at the same time, the destruction of Lucie’s identity as well as the construction of an esthetic of fiction.

Mercier, 2009, PDF ###

BESAND, Vanessa, « L’art de l’étrange chez Marie NDiaye : enjeux artistiques et sociaux d’une écriture singulière (La Sorcière et Mon coeur à l’étroit) », dans Daniel BENGSCH et Cornelia RUHE (dir.), Une femme puissante. L’œuvre de Marie NDiaye, Amsterdam, Rodopi (Francopolyphonies), 2013. +++ Chapitre de collectif

La Sorcière (oeuvre)
TitreLa Sorcière
AuteurMarie NDiaye
Parution1996
TriSorcière
Afficheroui