Éric Chevillard, Le caoutchouc décidément, Paris, Éditions de Minuit, 1992, 128 pages.
« Furne est un contestataire. La lumière et l’obscurité l’indisposent pareillement, toujours menacée l’une par l’autre, l’inutile complexité du corps l’afflige, la loi de la pesanteur l’indigne au-delà de toute expression, et il n’aurait pas davantage voté les autres si seulement on l’avait consulté. Furne caresse l’idée de réformer l’ordre des choses, qui ne lui convient pas. Sept collaborateurs ingénieux et tout dévoués l’aideront dans sa tâche. De nouveaux matériaux seront conçus, de nouvelles matières. Mais Furne tirera aussi partie de la soie, par exemple, ou du caoutchouc, l’inépuisable caoutchouc, si obéissant, si compatissant, et bonne pâte, le musculeux, le miraculeux caoutchouc. »
(Résumé des Éditions de Minuit)
SCHOOTS, Fieke, « L’écriture “minimaliste” », dans Michèle AMMOUCHE-KREMERS et Henk HILLENAAR (dir.), Jeunes auteurs de Minuit, Amsterdam - Atlanta, Rodopi (Cahiers de recherches des instituts néerlandais de langue et de littérature françaises, 27), 1994, p. 127-144. +++ Chapitre de collectif
###« […] la liberté totale de l’ère postmoderne n’empêche pas que certains auteurs de Minuit constituent un groupe à la recherche de “nourritures identiques”. L’inventaire des procédés “minimalistes” nous montrera de quels auteurs il s’agit et fera ressortir les traits qui les distinguent des autres “jeunes” auteurs de Minuit. Nous découvrirons en même temps la nature de leur relation avec ces prédécesseurs illustres qu’étaient les nouveaux romanciers. » (Extrait de l’introduction, p. 128) ###
BESSARD-BANQUY, Olivier, « Chevillard écrivain », Critique, n° 559 (décembre 1993), p. 893-905. +++ Article de revue
###« Cette quête de la littérature - dont l’oeuvre de Chevillard représente à coup sûr une des formes les plus originales et marquantes - se précise […] à chaque livre, comme se voient peaufinés les traits de la figure du poète, le personnage-crampon chevillardien que la superposition de ses cinq apparitions constitue, cet homme qui se coupe des hommes de façon virulente par le langage (M. Théo [Mourir m’enrhume]), qui bâtit son oeuvre avec les ruines humaines (Monge [Le démarcheur]), qui, insasissable, se fait retors à toute préhension (Palafox [Palafox]), travaille à une relecture-réécriture du monde (Furne [Le caoutchouc décidément]), en lequel le vide qui doit constituer sa place est justement à combler par l’écriture (Crab [La nébuleuse du Crabe]). (Extrait de la conclusion, p. 904-905)
N.B. Si l’auteur mentionne Mourir m’enrhume et Le démarcheur, il reste que ce sont Palafox (p. 894-898), Le caoutchouc décidément (p. 898-900) et La nébuleuse du Crabe qui font l’objet de cet article.###
PADIS, Marc-Olivier, « Une littérature de l’enfermement ? », Esprit, n° 206 (novembre 1994), p. 114-125. +++ Article de revue
###« Dans les romans français contemporains, la pluralité des voies d’écriture, des choix esthétiques et des noyaux imaginaires, qui exclut tout regroupement paresseux des écrivains en écoles, n’interdit cependant pas de remarquer quelques convergences significatives, quelques similitudes inattendues, qui sont autant d’indices de questions communes que rencontrent des écrivains très différents. Ainsi, l’apparition récurrente dans plusieurs romans récents du thème de la prison ou de la séquestration, de l’enfermement en asile psychiatrique ou en maison d’arrêt, témoigne d’un goût pour l’imaginaire de l’enfermement.Cette fascination pour le décor étouffant de quatre murs blancs, qui fait se rencontrer ici des écrivains aussi différents que François Bon, Frédéric Boyer, Éric Chevillard ou Olivier Rolin, n’est pas sans signification pour la situation du roman contemporain. En effet, le thème de la réclusion croise, dans leurs romans, des interrogations sur la place de la littérature dans la vie contemporaine et son rapport au monde : quels lieux la littérature peut-elle encore occuper et quel commerce le langage romanesque peut-il entretenir avec la réalité ? Questions cruciales autant qu’ambitieuses que chaque récit prend en charge à sa manière. » (Extrait de l’introduction, p. 115)
N.B.
Le caoutchouc décidément est abordé plus précisément aux pages 118-120.
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TJELL, Mette, « Le manifeste sous l’emprise de la fiction. Le Caoutchouc décidément et Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze », Études littéraires, vol. 44, n° 3 (automne 2014), p. 95-109. +++ Article de revue
### Résumé
L’article interrogera l’usage des codes du genre manifestaire dans deux fictions contemporaines françaises, Le Caoutchouc décidément d’Éric Chevillard (1992) et Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze d’Antoine Volodine (1998). Si, dans le cadre fictionnel, le discours manifestaire semble replié sur lui-même et n’avoir qu’une portée limitée, on montrera, à travers une analyse textuelle croisée, que ce procédé auto-représentatif et auto-théorisant implique dans ces fictions un nouveau type de discours légitimant : en effet, les auteurs y « proclament » une esthétique qui définit leur projet d’écriture, tout en se construisant une position singulière dans l’espace littéraire.
Abstract
Fictional manifestoes? Le Caoutchouc décidément and Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze
This paper questions the use of the manifesto genre in two contemporary French novels, Éric Chevillard’s Le Caoutchouc décidément (1992) and Antoine Volodine’s Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze (1998). While the manifesto discourse may seem inhibited and weak in the fictional context, the textual analysis will show that this self-serving and self-theorising narrative strategy implies a new type of legitimising discourse. Indeed, the two authors “proclaim” aesthetics that define their works, all the while carving their niche in the literary space.
Tjell, 2014, PDF ###
Le caoutchouc décidément (oeuvre) | |
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Titre | Le caoutchouc décidément |
Auteur | Éric Chevillard |
Parution | 1992 |
Tri | caoutchouc décidément |
Afficher | oui |