Pascal Quignard - Paris, Galilée (Lignes fictives), 2006, 56 p.
« “Elle avait saisi la boucle de sa ceinture. – Non ! s’exclama-t-il. Il arracha sa main. Elle prit sa main, tira, le contraignit à s’asseoir sous le prunier. Elle s’accroupit près de lui. Elle porta sa main à ses lèvres. – Je ne peux pas, dit-il. – Pourquoi ? interrogea-t-elle. Il hésita. Il la regarda fixement. Il écarquillait les yeux. Il n’ajouta rien. – Pourquoi ? insista-t-elle. – Il y a trop de lumière. Je n’en puis plus, dit-il. – Je suis trop laide. Vous n’en pouvez plus, dit-elle. Il dégagea sa main. – C’est faux, dit-il. Je suis nu-tête. Il fait trop chaud. Ne m’en voulez pas ! Laissez-moi rentrer. Pauline Harlai porta de nouveau la main sur le ventre de Gerhardt Buheler. Il était tendu mais il se rejeta vivement en arrière. – Je suis soûl de lumière, souffla-t-il avec hâte.”
Le Petit Cupidon est paru en revue, en 1981, NRF, n° CCXLI. La présente édition, corrigée, entièrement recomposée, est définitive. » (Présentation de l’éditeur)
GORRILLOT, Bénédicte, « L’Éros antique de Pascal Quignard », Littératures, dossier « Pascal Quignard et l’amour », sous la direction de Christine RODRIGUEZ et Sylvie VIGNES, no 69 (2013), p. 67-82. +++ Article de revue
### « Dans Le Petit Cupidon, Le Sexe et l’effroi ou La Nuit sexuelle, consacrés à l’amour-désir, Pascal Quignard mobilise plusieurs figures archaïques d’Éros, issues du fonds mythologique gréco-latin : l’Éros titanesque de la pulsion séminale et parthénogénique, l’Éros titanesque de la pulsion coïtale fusionnante, l’Éros non moins originaire de la division (physique et psychologique). Ces trois figures se superposent souvent, modelant un Éros quignardien complexe et émancipé de ses stricts modèles d’inspiration antiques. » (Résumé joint à l’article)
Le Petit Cupidon (oeuvre) | |
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Titre | Le Petit Cupidon |
Auteur | Pascal Quignard |
Parution | 2006 |
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