Les années

Annie Ernaux - Paris, Gallimard, 2008, 256 p.

« “La photo en noir et blanc d’une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l’autre laissée dans le dos. Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d’Ambre Solaire, d’échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses, plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d’une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d’un séjour ou d’une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotteville-sur-Mer.”

Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l’après-guerre à aujourd’hui. En même temps, elle inscrit l’existence dans une forme nouvelle d’autobiographie, impersonnelle et collective. » (quatrième de couverture)

Documentation critique

COMPAGNON, Antoine, « Désécrire la vie », dans Critique, nos 740-741 (janvier-février 2009), p. 49-60. +++ Article de revue

DUGAST-PORTES, Francine, « Les années d’Annie Ernaux entre littérature et ethnologie », dans Revue des Sciences Humaines, n° 299 (mars 2010), [n.p.]. +++ Article de revue

###« Dans l’article qu’elle consacre aux Années à l’horizon de l’ensemble de l’œuvre d’Annie Ernaux, Francine Dugast-Portes revient sur les liens que tisse la romancière avec “l’ethnographie”, mais aussi l’histoire, la sociologie ou la politique (notamment le féminisme des années soixante-dix), sur un plan à la fois thématique et formel. Les enjeux sociopolitiques de l’œuvre prendraient dans Les Années une inflexion nouvelle, le souci explicite de la transmission d’un passé dont elle constate la disparition devenant central : “c’est une sorte de reprise du Temps retrouvé, jalonné par les étapes de l’histoire de la voix narratrice, par la recherche des techniques destinées à triompher de l’effacement par le temps en l’englobant dans le livre”. Selon Francine Dugast-Portes, le rapport d’Annie Ernaux au passé serait sans nostalgie – et son adhésion à la marche du temps sans lyrisme progressiste – bien que celle-ci ressente fortement la nécessité de le consigner dans l’écriture, pour les générations futures. Ce qui pose la question des valeurs en jeu dans les textes, une thématique qui constitue un second axe fort de ce dossier. » (extrait de l’avant-propos) ###

ARRIBERT-NARCE, Fabien, « Annie Ernaux et la photo-socio-biographie : Vers une écriture du “dehors” », dans Amaleena DAMLÉ et Gill RYE(dir.), Aventures et expériences littéraires : Écritures des femmes en France au début du vingt-et-unième siècle, Amsterdam, Rodopi, 2014, p. 57-74. +++ Chapitre de collectif

### Ce chapitre traite aussi de L’usage de la photo. ###

CHARPENTIER, Isabelle, « Les Années, une “autobiographie collective” : Annie Ernaux ou l’art littérairement distinctif du paradoxe », dans Amaleena DAMLÉ et Gill RYE (dir.), Aventures et expériences littéraires : Écritures des femmes en France au début du vingt-et-unième siècle, Amsterdam, Rodopi, 2014, p. 75-92. +++ Chapitre de collectif

FROLOFF, Nathalie, « A radical renewal of the autobiography in french contemporary literature: Ernaux and Carrère », dans Michael GRATZKE, Margaret-Anne HUTTON et Claire WHITEHEAD (dir.), Readings in twenty-first-century european literatures, Oxford, Peter Lang, 2014, p. 237-255. +++ Chapitre de collectif

ROCHE, Roger-Yves, « Le Je et son ombre: Photofictions, suite (sans fin?) », dans Études de Lettres, vol. 3-4, no 294 (2013), p. 205-222. +++ Article de revue

HUGUENY-LÉGER, Élise, « “En dehors de la fête” : Entre présence et absence, pour une approche dialogue de l’identité dans Les Années d’Annie Ernaux », dans French studies, vol 66, no 3 (juillet 2012), p. 362-375. +++ Article de revue

KIRAN, Ayşe, « Une autobiographie et une identité », dans Edebiyat Fakültesi Dergisi / Journal of Faculty of Letters, vol. 29, no 1 (juin 2012), p. 155-170. +++ Article de revue

### « Annie Ernaux who knows well the autobiographical pact in Modern Literature not only systematically excludes the “I” which is one of the signs of the identity in Les Années but also introduces her own literary pact. Thus her work does not contain the sign of any literary genre (diary, autobiography, bibliography, memory, novel, narration). In her own autobiography, being the subject (I) of enunciation, Ernaux appears in two axes: the first one is the narrator who excludes the “I.” In contrast to the “I” which shows more durability, restriction and anguish, “she” expresses the outside and the remoteness. In the second axis of identity, the narrator of Les Années always expresses herself by means of “us” and “they.” With the rejection of “I,” Ernaux distances herself from her autobiography which enables her to evaluate herself and to have a view of herself from the outside. By adopting the speaking language and discourse on different levels, Ernaux aims to realise “the narration of the previous day.” The reader witnesses the identiy creation of an unnamed “she” who observes her own metamorphosis in time in French society and through pictures. The author, willing to express “thousands of days until present” which she also lived “did not have enough time to join together mental moments of being.” » (résumé joint à l’article)

L’article est en français. ###

SNAUWAERT, Maïté, « Les Années d’Annie Ernaux : La forme d’une vie de femme », dans Revue critique de fixxion française contemporaine, vol. 4 (2012), p. 102-113. +++ Article de revue

HUGLO, Marie-Pascale, « En vitesse: Histoire, mémoire et cinéma dans Les Années d’Annie Ernaux », dans Bruno BLANCKEMAN et Barbara HAVERCROFT (dir.), Narrations d’un nouveau siècle: Romans et récits français (2001-2010), Paris, Sorbonne Nouvelle, 2012, p. 45-55. +++ Chapitre de collectif

GRIS, Fabien, « Littérature contemporaine française et cinéma: Une réception mélancolique (Blonde, Deville, Ernaux, Viel) », dans Christophe GELLY et David ROCHE (dir.), Approaches to Film and Reception Theories/Cinéma et théories de la réception: Études et panorama critique, Clermont-Ferrand, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2012, p. 227-243. +++ Chapitre de collectif

JORDAN, Shirley, « Writing age: Annie Ernaux’s Les Années », dans Forum for modern language studies, vol. 47, no 2 (avril 2011), p. 138-149. +++ Article de revue

CLOUÂTRE, Mélanie, « Saisir la réalité de sa mort par l’écriture photographique. Étude des relations intermédiales entre la photographie et l’écriture dans L’usage de la photo et Les années d’Annie Ernaux », mémoire de maîtrise, département de langue et littérature françaises, Université McGill, 2011, 93 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

### « Ce mémoire s‘intéresse aux rôles de la photographie, de l‘écriture et plus particulièrement de leurs échanges intermédiaux dans L’usage de la photo et Les années d‘Annie Ernaux. Notre hypothèse est que l‘intermédialité qui émerge de ces textes permet de saisir les réalités du cancer du sein et du vieillissement à travers le langage de ces deux différents media. Dans le premier chapitre, nous observons comment le medium photographique est utilisé par Annie Ernaux et son coauteur, Marc Marie, dans L’usage de la photo pour interroger l‘expérience du cancer du sein et l‘essence de leur relation amoureuse sous des angles nouveaux. Dans Les années, la photo recrée la progression du temps et les effets du vieillissement. Dans le deuxième chapitre, nous examinons, d‘une part, comment l’écriture plate restitue le minimalisme l‘iconicité de la photographie et, d‘autre part, comment l‘écriture transpersonnelle reproduit à la fois l‘effet d‘étrangeté d‘Ernaux à elle-même et son appartenance à la communauté féminine. Les deux écritures cherchent à démystifier les tabous autour du cancer du sein. Enfin, dans le dernier chapitre, nous abordons les œuvres d‘après leurs pratiques intermédiales respectives. L’usage de la photo présente la plupart de ses échanges intermédiaux intégralement grâce à la combinaison des media qui permet la mise en relief des frontières médiales. Les années fait émerger ses multiples références intermédiales à travers la seule écriture. » (résumé joint au mémoire)

La version PDF du mémoire est disponible pour les membres de communautés universitaires qui ont un abonnement institutionnel auprès de UMI - Proquest. ###

SYLVESTER, Katelyn, « L’autobiographie “collective” d’Annie Ernaux : Une étude féministe de l’instance narrative dans Les années », mémoire de maîtrise, département de français, Université d’Ottawa, 2011, 115 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

### « Dans son oeuvre récente, Les années, Annie Ernaux, écrivaine française, abandonne le « je » autobiographique qui caractérise ses textes précédents afin d’opter pour une voix narrative collective (« nous » et « on ») et à la troisième personne (« elle »), passant de son histoire individuelle à une sorte d’autobiographie collective. Cette nouvelle voix narrative permet à l’auteure de présenter l’Histoire d’une génération dans le contexte de la société française de l’après-guerre à aujourd’hui, société qui repose sur les constructions sociales, entre autres, de sexe et de classe sociale. À l’aide d’une perspective féministe, cette thèse s’intéresse d’abord aux transgressions des formes littéraires établies qu’opère Ernaux par sa pratique narrative. Ensuite, la perspective féministe intersectionnelle souligne les multiples façons dont les rapports de sexe entrent en interrelation avec d’autres aspects de l’identité sociale dans cette oeuvre, mettant en relief la complexité et la multiplicité des expériences sociales. Finalement, la théorie du dialogisme met en lumière le caractère polyphonique de cette narration qui permet à l’auteure de présenter une histoire davantage inclusive, c’est-à-dire qui représente diverses expériences de vie dans une variété de contextes socio-historiques. » (résumé joint au mémoire)

BISSONNETTE, Karine, « La mémoire matérielle. Évocation des souvenirs et photographies dans Les années, d’Annie Ernaux », mémoire de maîtrise, Département des littératures de langue française, Université de Montréal, 2012, 120 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise

### « L’imbrication de l’écriture et de la photographie sera examinée dans Les années, d’Annie Ernaux, de façon à montrer la tension au cœur du double désir de l’auteure de documenter des moments révolus et de les transmettre à autrui. Seront étudiées, d’un point de vue poétique et esthétique, la mise en œuvre des documents et les modalités d’inscription des souvenirs, lesquels sont généralement présentés sous forme d’images mémorielles. Nous verrons que ces images sont liées à un effet photographique, destiné au lecteur dans le but de partager une mémoire matérielle, intime et collective, s’étalant sur des années. Cet angle d’approche devrait permettre de relire Les années suivant une perspective critique nouvelle, et de contribuer aux recherches portant sur la narration, la trace et la mémoire dans la littérature contemporain. » (résumé joint au mémoire)

RABATEL, Alain, « La fictionnalisation des paroles et des gestes. Les années d’Annie Ernaux », dans Poétique, vol. 1, no 173 (2013), p. 105-123. +++ Article de revue

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MONTÉMONT, Véronique, « Vous et moi: usages autobiographiques du matériau documentaire », dans Littérature, vol. 2, no 166 (2012), p. 40-54. +++ Article de revue

### « Les textes autobiographiques contemporains sont fréquemment placés sous le régime de l’hybridation : les dernières décennies montrent un important et fréquent retour au document, que le texte mentionne, cite, et de plus en plus souvent montre. Une analyse statistique et thématique permet d’observer les points de contact et les modalités de coexistence (fusion, tension, friction) de ces matériaux hétérogènes que sont les lettres, les photographies, les journaux et les archives publiques sur lesquels les auteurs choisissent de s’appuyer. La présence de ce matériau documentaire au sein du texte, en tout état de cause, interroge la forme même de l’autobiographie, qu’elle arrache au solipsisme énonciatif : dans certains cas, l’intention est polémique – une sorte d’offensive antinarcissique ; dans d’autres, elle participe du désir d’une autobiographie assimilatrice, qui cherche à inscrire la destinée individuelle dans l’histoire familiale, sociale, politique. » (résumé joint à l’article)

DEMANZE, Laurent, « Le dictionnaire palimpseste d’Annie Ernaux. Remarques en marge des Années », dans Dominique VIART et Gianfranco RUBINO (dir.), Écrire le présent, Paris, Armand Colin (coll. Recherches), 2013. +++ Chapitre de collectif

HAVERCROFT, Barbara, « L’autobiographie (im)personnelle et collective. Enjeux pronominaux de la transmission narrative dans Les années d’Annie Ernaux », dans Frances FORTIER et Andrée MERCIER (dir.), La transmission narrative. Modalités du pacte romanesque contemporain, Québec, Nota Bene (Contemporanéités), 2011, p. 129-143. +++ Chapitre de collectif

Les années (oeuvre)
TitreLes années
AuteurAnnie Ernaux
Parution2008
Triannées
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