Pierre Michon, Les Onze, Paris, Éditions Verdier (Jaune), 2009, 144 p.
« Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté
le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la politique dite de Terreur.
Mais qui fut le commanditaire de cette œuvre ?
À quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d’évocation qu’on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l’expression de Michelet qui, à son tour,
devient ici l’un des protagonistes du drame. »
(Quatrième de couverture)
MAJORANO, Matteo, « Le miel de l’hiver noir. Les Onze de Pierre Michon », dans Matteo MAJORANO (dir.), Écrire le fiel, Bari, Edizioni B.A. Graphis (Marges critiques/Margini critici, 15), 2010, p. 73-90. +++ Chapitre de collectif
DEMANZE, Laurent, « Les Scénographies picturales de Pierre Michon », Revue Critique de Fixxion Française Contemporaine/Critical Review of Contemporary French Fixxion, n° 8 (2014), p. 75-83. +++ Article de revue
### Résumé
L’on a très rapidement souligné l’importance du savoir pictural (historique, biographique) dans l’œuvre de Pierre Michon, qui a fait de la peinture sa matière et sa médiation privilégiées. Mais le savoir artistique nourrit discrètement le récit, et vaut essentiellement comme une richesse lexicale, une extension des possibles de la langue pour nommer un toucher ou une couleur.
Avec Les Onze, ce savoir prend une figure et une voix : celle du narrateur, qui accompagne d’un bout à l’autre le récit de vie de Corentin. Or cette voix n’est pas sans faire songer aux tirades du bateleur, avec sa roublardise mêlée de cynisme, et fait du Musée où il conduit le lecteur un véritable petit théâtre, qu’il dirige d’une main de maître. Pierre Michon travaille bien sûr à souligner les incertitudes du savoir pictural, comme il l’a fait précédemment, mais surtout il met au jour la rhétorique emphatique du savoir et ses travers volubiles, pour proposer une fiction critique du savoir. Non seulement le savant est inséré dans une scène d’interlocution, où la positivité de la connaissance le cède au désir de convaincre, mais surtout le Musée devient théâtre, dans une transfiguration qui prend appui sur l’architecture même du Louvre.
Or cette théâtralisation du savoir et de l’exposition picturale n’est pas nécessairement à penser comme un travestissement du réel et de la geste révolutionnaire : les acteurs historique pensaient eux-mêmes leurs actes et leurs décisions sous couvert de métaphore théâtrale. En ce sens, la théâtralité de la parole critique et son histrionisme ont dans le récit de Pierre Michon une fonction heuristique, qui révèle la conception shakespearienne qui gouverne en secret l’épopée révolutionnaire.
CHASSAING, Sylvia, « L’Histoire de l’art et le romancier faussaire: discours de savoirs et fiction dans Les Onze de Pierre Michon et Terrasse à Rome de Pascal Quignard », Revue Critique de Fixxion Française Contemporaine/Critical Review of Contemporary French Fixxion, n° 8 (2014), p. 40-50. +++ Article de revue
### Résumé
Dès l’instant où ils partagent les mêmes objets d’investigation, la fiction d’art et l’histoire de l’art entrent en compétition. Celle-ci se traduit souvent par une ignorance cultivée entre ces deux types de discours et les écrivains qui choisissent cette voie valorisent au contraire un hors-champ de l’histoire de l’art : Michon, face aux Joseph Roulin de Van Gogh, ou Quignard, devant les tableaux de Georges de La Tour, se détournent des chemins battus de l’université et ce souvent sans dissimuler leur intention critique.
Mais qu’en est-il lorsque ces deux écrivains forgent de toutes pièces les œuvres au sujet desquelles ils écrivent, comme c’est le cas dans Les Onze et Terrasse à Rome ? Il n’y a pas, alors, de discours scientifique préexistant auquel s’opposer et il est à la charge des romanciers de convoquer faux critiques et faux textes académiques pour accréditer l’existence de ces œuvres, qu’ils font ainsi entrer de force dans le musée universel de l’histoire de l’art. Quels rapports entretient dès lors le texte littéraire avec ces documents universitaires fictifs, mais essentiels à l’élaboration de la fiction, documents qu’il établit comme ses propres sources et par rapport auxquels il se constitue donc comme un discours second ?
Il s’agira de s’interroger dans cet article sur le type de discours scientifiques convoqués et sur les procédés d’accréditation de la fiction artistique auxquels ils participent. L’on verra alors comment le texte narratif procède à l’invention d’une réserve de savoir dans laquelle puise le narrateur, mais inaccessible au lecteur. Ce premier constat mènera par la suite à un questionnement sur les conséquences de cette position aporétique de l’histoire de l’art – discours véridictif issu d’institutions autorisées qui s’avère mis au service d’un faux littéraire – pour envisager finalement le sens de ces mystifications à double tranchant, tromperies en apparence, mais véritables révélations.
JOB, André, « Sublime y terror en Pierre Michon: La sacralidad ante la prueba de la duda », Thélème: Revista Complutense de Estudios Franceses, vol. 29, n° 2 (juillet-décembre 2014), p. 363-374. +++ Article de revue
### Resumen
En toda la obra de Michon, la gloria, apuesta crucial de la escritura, desvela su reverso de terror en tanto que fermento de lo sublime. En Les Onze, la potencia del signo se confronta con la Historia convertida en Terror, con la pretensión de encarnar el poder revolucionario en un cuadro. Ahora bien, la alquimia de lo sublime resulta aquí sospechosa: cuadro y pintor son ficticios. ¿Habría abandonado el Espíritu la Historia? A Michon le atrae escrutar el momento en el que la fe vacila. Convencido de que la gloria es impura, reconsidera los momentos álgidos de nuestra “salida de la religión” (Marcel Gauchet), cuyo avatar es el arte: Edad Media (Abbés), modernidad postromántica (Rimbaud le fils), postmodernidad por último (La Grande Beune). En Les Onze, atravesamos el terror de la Historia evitando la pérdida de sentido, porque una forma de violencia primitiva remite finalmente el terror a un proceso más arcaico.
Job, 2014, PDF ###
VIART, Dominique, « Pierre Michon, Les Onze : Tableau d’historiographie littéraire », dans Jean KAEMPFER (dir.), Michon lu et relu, Amsterdam, Rodopi, 2011, p. 215-239. +++ Chapitre de collectif
CASTIGLIONE, Agnès, « Les Onze : un effet de houppelande », dans Pierre-Marc DE BIASI, Agnès CASTIGLIONE et Dominique VIART (dir.), Pierre Michon : la lettre et son ombre. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, août 2009, Paris, Gallimard, 2013, p. 107-122. +++ Chapitre de collectif
VAN MONTFRANS, Manet, « “Ivresse du minimal” : la poétique du paysage dans Les Onze de Pierre Michon », dans Pierre-Marc DE BIASI, Agnès CASTIGLIONE et Dominique VIART (dir.), Pierre Michon : la lettre et son ombre. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, août 2009, Paris, Gallimard, 2013, p. 240-255. +++ Chapitre de collectif
MAVRAKIS, Annie, « Devant le tableau: Une Lecture des Onze de Pierre Michon », Poétique: Revue de Théorie et d’Analyse Littéraires, n° 61 (février 2010), p. 63-74. +++ Article de revue
### Mavrakis, 2010, HTML ###
MAVRAKIS, Annie, « Corentin le fils ou le sixième peintre de Pierre Michon », Dalhousie French Studies, n° 87 (été 2009), p. 17-23. +++ Article de revue
### Mavrakis, 2009, PDF ###
NICOLE, Eugène, « Le tableau qui manquait à la Révolution », Critique, vol. 3, n° 754 (2010), p. 266-277. +++ Article de revue
### Nicole, 2010, HTML ###
COUDREUSE, Anne, « “La littérature une et indivisible”. Pierre Michon, “Antoine Pergesol” dans Mythologies d’hiver et Les Onze », dans La Conscience du présent. Représentations des Lumières dans la littérature contemporaine, Paris, Classiques Garnier (Études de littérature des XXe et XXIe siècles), 2015, p. 303-320. +++ Monographie
FARRON, Ivan, L’appétit limousin. Les Onze de Pierre Michon, Lagrasse, Verdier, 2011, 48 p. +++ Monographie
### Présentation
Que vient faire l’appétit limousin dans un livre apparemment consacré à la Révolution française, au peintre fictif François-Élie Corentin et aux Onze, le légendaire tableau qui aurait représenté les onze membres du Comité de salut public ?
Disant à la fois l’indignité et l’aspiration éperdue à son contraire, cet alliage pourrait bien s’avérer essentiel à la compréhension de l’« univers Michon ».
L’appétit chez Michon prend différentes formes : s’il peut signifier une adhésion passionnée aux beautés du monde, un « oui » aux rutilants mensonges de l’art, il comporte aussi un versant plus sombre.
Déjà auteur d’un livre sur Pierre Michon et de plusieurs romans, Ivan Farron se livre ici à une nouvelle tentative de lecture d’un écrivain contemporain majeur. ###
Les Onze (oeuvre) | |
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Titre | Les Onze |
Auteur | Pierre Michon |
Parution | 2009 |
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