Pierre Michon, Maîtres et serviteurs, Lagrasse, Verdier (Jaune), 1990, 96 p.
« Qu’est-ce qu’un grand peintre, au-delà des hasards du talent personnel ? C’est quelqu’un sans doute dont le trop violent appétit d’élévation sociale s’est fourvoyé dans une pratique qui outrepasse les distinctions sociales, et que dès lors nulle renommée ne pourra combler : telle est l’aventure du peintre qui dans ces pages porte le nom de Goya. Ce peut être aussi un homme qui a cru assouvir par la maîtrise des arts la toute-puissance du désir, à ce divertissement noir a voué son œuvre, jusqu’à ce que son œuvre, ou sa propre conscience, lui dise que l’art est là justement où n’est pas la toute-puissance : j’ai appelé cet homme par commodité Watteau. C’est encore quelqu’un qui tôt ou tard doit faire son deuil des maîtres, de l’art et de son histoire, et apprendre que tout artiste pour sa part est de nouveau seul, face à un commanditaire écrasant et peu définissable, dans ces régions arides où l’art confine à la métaphysique, sa pratique à la prière : et j’ai voulu qu’un obscur disciple de Piero della Francesca soit confronté à cela.
Pierre Michon »
(Quatrième de couverture)
RICHARD, Jean-Pierre, « Comment devient-on Goya ? », dans Agnès CASTIGLIONE (dir.), Pierre Michon, l’écriture absolue. Actes du 1er colloque international Pierre Michon, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2002, p. 11-19. +++ Chapitre de collectif
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Extrait de l’introduction, p. 11
« Comment devient-on Goya ? C’est la question implicite posée par Pierre Michon dans un chapitre mémorable de Maïtres et serviteurs, “Dieu ne finit pas”. Pour commencer à y répondre il faudrait se demander, peut-être, d’où vient Goya, dans quel monde culturel il a surgi : monde évoqué par Michon sous les thèmes alliés de la fausseté et du brio. »
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MADELEINE-PERDRILLAT, Alain, « Pierre Michon et les maîtres anciens », dans Agnès CASTIGLIONE (dir.), Pierre Michon, l’écriture absolue. Actes du 1er colloque international Pierre Michon, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2001, p. 39-44. +++ Chapitre de collectif
JÉRUSALEM, Christine, « Maîtres et serviteurs de Pierre Michon : le manteau d’un récit », dans Agnès CASTIGLIONE (dir.), Pierre Michon, l’écriture absolue. Actes du 1er colloque international Pierre Michon, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne (C.I.E.R.E.C. - Travaux, n° 105), 2002, p. 93-105. +++ Chapitre de collectif
FERRATO-COMBE, Brigitte, « Déplacements du modèle dans la fiction biographique de peintre : Christian Garcin, Guy Goffette, Pierre Michon », Recherches et travaux, vol. 68 (2006), p. 71-85. +++ Article de revue
JÉRUSALEM, Christine, « Vies voilées, vies épinglées », dans Catherine DOUZOU et Lise GAUVIN (dir.), Frontières de la nouvelle de langue française. Europe et Amérique du Nord (1945-2005), Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2006, p. 159-166. +++ Chapitre de collectif
HERSHBERG PIERROT, Anne, « Énonciation et rythme dans les carnets de Pierre Michon (pour Maîtres et serviteurs) », dans Pierre-Marc DE BIASI, Agnès CASTIGLIONE et Dominique VIART (dir.), Pierre Michon : la lettre et son ombre. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, août 2009, Paris, Gallimard, 2013, p. 158-173. +++ Chapitre de collectif
KREMER, Nathalie, « Diderot, Balzac, Michon : la création par la destruction », Fabula-LhT, dossier « La bibliothèque des textes fantômes », n° 13 (novembre 2014), [en ligne]. +++ Article de revue
### Résumé
« L’effacement est nécessaire, comme l’est l’oubli pour la mémoire », affirme Roger Chartier dans Inscrire et effacer : «toutes les écritures ne furent pas destinées à devenir des archives que leur sauvegarde devait soustraire aux aléas de l’histoire ». Roger Chartier soulève ainsi la question de la durée des textes, en posant que le texte achevé repose sur un travail préalable de multiplication de versions qui sont effacées ensuite au profit de la sauvegarde d’une seule, jugée plus parfaite, plus réussie, plus complète, bref mieux digne d’être retenue. Il se pourrait pourtant que certaines œuvres doivent s’effacer pour pouvoir perdurer comme chef-d’œuvre. On se fondera sur trois récits relatant la destruction de tableaux — un texte de Diderot sur Greuze dans ses Salons, le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac et Je veux me divertir de Michon sur Watteau — trois paraboles qui montrent comment l’acte destructeur confère à l’œuvre picturale une forme de dignité, en substituant l’accompli à l’irrécupérable du légendaire. L’effacement y est donné comme un geste aussi important que celui de la création, voire comme une forme de création authentique.
COUDREUSE, Anne, « Portrait de l’artiste en Pierrot : “C’est celui qui ne peut pas écrire, qui écrit tous ces récits”. Pierre Michon, Maîtres et serviteurs, “Je veux me divertir” », La Conscience du présent. Représentations des Lumières dans la littérature contemporaine, Paris, Classiques Garnier (Études de littérature des XXe et XXIe siècles), 2015, p. 129-138. +++ Monographie
Maîtres et serviteurs (oeuvre) | |
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Titre | Maîtres et serviteurs |
Auteur | Pierre Michon |
Parution | 1990 |
Tri | Maîtres et serviteurs |
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