François Bon, Mécanique, Paris, Verdier, 2001, 128 p.
« On a posé la main sur le front et les cheveux, et gardé la sensation de froid. Et puis la même main, le même matin, se saisira de l’urne brûlante. Les deux sensations coexistent, quoi qu’on fasse, dans la main droite, des jours et des jours. Justement la main qui écrit. Écrire, on avait commencé d’en approcher : parce que tout cela, ces véhicules, ces noms, avaient traversé le siècle avant d’être déclarés obsolètes, c’est de cela qu’avec lui, trois semaines plus tôt, on s’était encore entretenu. De ces véhicules, de ces maisons, de ces noms, des trois générations de garage. Maintenant, évidemment, on est seul avec quelques photographies, et des papiers imprévus. Seul avec les images et les voix qui traversent la nuit, et cette sensation, dans la main droite, rémanente. On obéit à la main, qui dresse portrait du mort. »
(Quatrième de couverture)
BLOCH-TASTET, Béatrice, « Vers une allo-autobiographie ? », dans Bruno BLANCKEMAN, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle, France, Presses Sorbone Nouvelle, 2004, p. 55-61. +++ Chapitre de collectif
###« Nous établissons le premier ensemble de textes, à partir des récits d’ateliers d’écriture fictionnalisés, où se partage l’expérience de lire et d’écrire. Je retiendrai surtout Prison de François Bon (1997) et Le Bruit des trousseaux de Philippe Claudel (2002). Dans ces ateliers d’écriture menés avec des prisonniers, l’écrivain aide l’autre à se construire dans le langage, réalisant un peu d’ambition des néo-romanciers qui était de faire circuler un usage imaginatif et artistique de l’écriture. En même temps, l’écrivain qui entre en prison, partage avec les prisonniers des formes de vie (odeurs, fouilles, perte de l’identité extérieure, attente devant les portes, etc.). Le second ensemble de textes, récits de compagnonnage avec autrui, dans les ultimes moments, est largement représenté dans la production actuelle : depuis Une mort très douce de Simone de Beauvoir (1964), en passant par Mécanique de François Bon (2001), jusqu’à Son frère de Phillipe Besson (2000), beaucoup de textes construisent la mémoire de l’autre en reconstruisant sa vie. » ###
JÉRUSALEM, Christine, « La langue d’enfance chez François Bon et Annie Ernaux : écrire depuis l’origine », dans Sylviane COYAULT (dir.), L’écrivain et sa langue : romans d’amour de Marcel Proust à Richard Millet, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal (Littératures), 2005, p. 187-198. +++ Chapitre de collectif
###« Les récits d’Annie Ernaux et de François Bon gravitent autour des mots prononcés dans l’enfance, mots familiers, mots de la langue familiale. Du côté du familier, on cherchera à repérer les traits caractéristiques de cette langue, son contexte, sa texture. Du côté du familial, on tentera d’appréhender les sentiments que cette langue inspire. À partir de ces deux axes, on examinera la façon dont l’écriture met en scène cette langue pour lui donner une voix. » ###
BARNAUD, Jean-Marie, « Sur François Bon : Mécanique », La polygraphe, n° 24-25-26, 2002, p. 47-50. +++ Article de revue
###« La main, nous dit François Bon à la quatrième de couverture, “dresse portrait du mort” ; cette même main qui a touché, dans un ultime geste de pitié filiale “le front et les cheveux” et “saisi l’urne rouge” : Mécanique érige ainsi un Tombeau du père, c’est-à-dire que ce livre n’est pas seulement ce geste de reconnnaissance filiale, mais un objet littéraire, lequel se donne lui-même comme récit. Rien là qui soit contradictoire, si vivre et écrire relèvent de la même nécessité. »
Barnaud, 2002, PDF
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JÉRUSALEM, Christine, « Les mécaniques optiques de François Bon : l’écrivain photographe », dans Danièle MÉAUX et Jean-Bernard VRAY (dir.), Traces photographiques, traces autobiographiques, Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 2004, p. 239-248. +++ Chapitre de collectif
### « En 2001, Bon publie un texte qui pourrait s’intituler une fois encore c’était toute une vie. Mais le livre, qui a pour nom Mécanique, ne joue plus avec les indéterminations génériques. Il s’agit de la vraie vie de son père mécanicien et l’ouvrage s’offre clairement comme le récit d’une mémoire familiale. On peut se demander toutefois si d’autres formes de brouillage et de glissement n’affectent pas ce texte. Première ligne de partage et d’hésitation : la mince frontière qui sépare la biographie (du père) de l’autobiographie (en oblique). Deuxième ligne d’indécision, de transfert : la relation spéculaire qui unit l’écriture de Mécanique à son référent, la photographie. La photographie tient dans ce texte une place extrêmement importante puisque c’est à partir d’un cliché pris par le père que s’enclenche le portrait d’une enfance (celle de Bon) et d’une génération (les années 50). C’est cet espace hybride tissé par le texte et l’image que je voudrais interroger. Il s’agit de mesurer comment la mécanique textuelle (on sait que la machine constitue une métaphore réccurente dans l’oeuvre de Bon) est travaillée par les mécaniques optiques. » ###
BOURDIEU, Séverine, « Le passé en pièces détachées », dans Pierre GLAUDES et Dominique RABATÉ (dir.), Deuil et Littérature, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux (Modernités, 21), 2005, p. 393-412. +++ Chapitre de collectif
###« Tout travail de deuil implique un effort de mémoire, un retour sur le passé. Qu’advient-il de ce travail lorsque le passé est une énigme ? lorsque celui que l’on croyait si bien connaître se révèle insaisissable et se dérobe à toute tentative de représentation ? lorsqu’un doute plane sur les circonstances ou même la réalité de la mort ? Telles sont les questions que posent un certain nombre d’œuvres contemporaines qui mettent en scène l’expérience du deuil dans des récits marqués par des poétiques narratives de la rupture et du fragmentaire. Certes, c’est aujourd’hui un lieu commun de caractériser l’esthétique contemporaine (la littérature d’après-guerre comme la production artistique des dernières décennies) en convoquant les notions de discontinuité, d’éclatement, voire d’inachèvement. Cependant, je pose l’hypothèse que ces traits formels – structure de l’œuvre, inscription générique, choix énonciatifs et narratifs qui la fondent – entretiennent un rapport spécifique avec le phénomène du deuil tel qu’il est vécu et représenté dans notre société actuelle. Parmi tous les livres récemment parus qui prennent le deuil pour objet, trois œuvres m’ont paru constituer un paradigme cohérent et opératoire : le cycle des Champs d’honneur de Jean Rouaud, composé de 5 volumes dont la parution s’est échelonnée de 1990 à 1999 ; le premier roman de Johan-Frédérik Hel Guedj, Le Traitement des cendres publié en 1999 ; et Mécanique de François Bon, un récit paru en 2001. Chacun à leur manière, ces trois textes mettent en scène des fils en deuil de leur père, des héritiers problématiques qu’une sourde exigence pousse à partir à la recherche de leurs origines et à faire œuvre de cette quête-même. C’est donc à la lumière de deux notions qui leur sont intimement liées, la mémoire et la filiation, que j’interrogerai le deuil du père et la figure de l’orphelin dans la littérature contemporaine. » (Extrait, p. 393) ###
DUFFY, Jean H., « A Family Likeness: Photography, Friction and Filiation in François Bon’s Mécanique », dans Word & Image: A Journal of Verbal/Visual Enquiry, vol. 23, n° 4 (octobre-décembre 2007), p. 381-390. +++ Article de revue
### Abstract
Despite a publishing career going back to the early 1980s and although commanding considerable admiration within the French academic community, among some of France’s most respected contemporary writers and in the press, the work of François Bon remains seriously under-researched. To date, most critical publications have focused on his fiction and, in particular, on the recurrent themes of incarceration, suburban malaise, marginality, alienation and madness. With the exception of Prison, his autofictional/autobiographical récits have received rather less attention. Given the raised profile of Word and Image studies in recent years and the increasing number of critical essays devoted to the photograph in the text, the relative absence of work on Mécanique 4is all the more striking. Two very useful and often incisive papers have been published on Bon’s own impressively well-developed website: Christine Jérusalem’s broad analysis in ‘Les Mécaniques optiques de François Bon: l’écrivain en photographe’ reads Mécanique as the exploration of a ‘territoire de frontières, entre la vie et la mort, le corps et la machine, l’original et la répétition, la visée sociologique et la vision personnelle’, while Manet van Montfrans’s ‘François Bon et la mécanique de la langue’ offers a comparative study of voice, language and the ‘discours des autres’ in L’Enterrement and Mécanique. Both identify certain themes (notably, absence, intergenerational conflict and filiation) and structural principles (in particular, the photographic qualities of Bon’s prose and the formal functions of the ‘headings’ that open each textual segment). However, in neither case are the important connections between these key themes pursued and, in both, analysis of the photographic sources is confined to the single image that forms the basis of the narrator’s last conversation with his father, and the other photographs described in the text are merely mentioned in passing. In resuming some of the lines of enquiry tentatively sketched out in these earlier studies, the present article will highlight the multiple functions of the various photographic references and will show that the text is underpinned by a tight network of complementary thematic threads and internal echoes relating to certain tensions within the family unit and, in particular, in the relationship between father and son: tensions between absence and presence, communication(s) and non-communication, incompletion and continuation. In the course of each of the three sections devoted to these tensions, the article will further show that, in Bon’s text, as in photography, the positive and the negative are not simply opposites but, rather, complementary aspects of the same phenomenon, and that, as the text progresses, the apparently clear-cut lines of demarcation that separate and seem to define father and son prove, ultimately, to be much more permeable and fluid than one might at first imagine.
Duffy, 2007, PDF ###
FORTIN, Jutta, « Mourning and photography in contemporary french literature », dans The Modern Language Review, vol. 104, n° 3 (juillet 2009), p. 696-711. +++ Article de revue
### Fortin, 2009, PDF ###
Mécanique (oeuvre) | |
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Titre | Mécanique |
Auteur | François Bon |
Parution | 2001 |
Tri | Mécanique |
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