Éric Chevillard, Oreille rouge, Paris, Éditions de Minuit, 2005, 160 p.
« Cet écrivain aime sa chambre, sa table, sa chaise, dans la pénombre : on l’envoie en Afrique où sont les lions, dans le soleil. Que va-t-il chercher là-bas ? Un grand poème, dit-il. Ou ne serait-ce pas plutôt l’inévitable récit de voyage que tant d’autres avant lui ont rapporté ? On l’a lu déjà, et relu. L’auteur va prétendre que des indigènes l’ont sacré roi de leur village. Il aura percé à jour les secrets des marabouts et appris de la bouche d’un griot vieux comme les pierres quelque interminable légende avec métamorphoses. Le pire est à craindre. Par bonheur, l’aventure tourne court. L’hippopotame se cache. L’Afrique curieusement ne semble guère fascinée par le courageux voyageur. En revanche, celui-ci prend des couleurs : est-ce le soleil ou la honte ? Nous l’appellerons Oreille rouge. »
(Résumé des Éditions de Minuit)
CAMUS, Audrey, « Les lieux communs d’Éric Chevillard : une rhétorique anti-mimétique », dans Sandrina JOSEPH (dir.), Révéler l’habituel. La banalité dans le récit littéraire contemporain, Montréal, département des littératures de langue française de l’Université de Montréal (Paragraphes, n° 28), 2009, p. 67-86. +++ Chapitre de collectif
###« Qu’il se débatte avec les platitudes du quotidien, qu’il s’approprie les contes rebattus de notre enfance ou se délecte des clichés du récit de voyage, la production récente de [Chevillard] est habitée par le poncif. Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’objet de ces variations savoureuses sur la banalité n’est pas davantage d’en faire l’éloge que d’apprendre à s’en étonner. […] Ainsi ne suffit-il que d’un peu de bonne volonté pour que le banal devienne prodigieux, pour que le lieu commun, subitement, abrite la merveille ; d’un peu de bonne volonté assortie, il est vrai, d’une dose de mauvaise foi, laquelle consiste à pousser la logique dans ses retranchements pour user du langage en toute incongruité.
De cette lutte avec le poncif, l’écrivain - et son lecteur avec lui - sortent indéniablement victorieux : ils ont non seulement quitté les sentiers battus, mais se sont encore beaucoup divertis en chemin. La victoire, cependant, est moins anodine qu’il n’y paraît. Car si la banalité se montre rétive à la consignation, la rhétorique anti-mimétique mise en oeuvre par Chevillard pourrait bien, par des voies détournées, constituer le meilleur moyen de l’appréhender. »
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ANDRÉ, Stéphane, « Faut-il scalper l’écrivain voyageur ? Une étude d’Oreille rouge d’Éric Chevillard », mémoire de master II, département de lettres modernes, Université de Caen, 2010, [n.f.]. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
ANDRÉ, Marie-Odile, « Pour un voyage minimal ? Oreille rouge d’Éric Chevillard », dans Sabrinell Bedrane, Françoise Revaz et Michel Viegnes (dir.), Le récit minimal, Paris, Sorbonne Nouvelle, 2012, p. 137-145. +++ Chapitre de collectif
MAZIARCZYK, Anna, « Le roman sans événements : Oreille rouge d’Éric Chevillard », Studia Romanica Posnaniensia, dossier « Le roman de l’extrême contemporain en langue française », vol. XL, n°4 (2013), p. 33-40. +++ Article de revue
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Abstract
Even though absurd humour and surreal scenes are at first sight the characteristic elements of Eric Chevillard’s style, it is an oversimplifi cation to consider his novels as mere literary jokes. The appeal of this literature stems from the light and witty manner in which it transforms outdated novelistic conventions, deconstructs classic narrative strategies and refuses to fulfi ll the reader’s expectations. This article seeks
to analyse minimal narration, an unusual mode of writing for Chevillard, in Oreille rouge: just like narrative excess, typical of his other works, it results in dematerialisation of the plot and redefinition of the novelistic structure.
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Oreille rouge (oeuvre) | |
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Titre | Oreille rouge |
Auteur | Éric Chevillard |
Parution | 2005 |
Tri | Oreille rouge |
Afficher | oui |