Pascal Quignard - Paris, Galilée (Lignes fictives), 2005, 80 p.
« “En 2004, Ingrid von Wantoch Rekowski collecta vingt-trois partitions d’opéra. Toutes ces partitions avaient été inspirées par les quinze livres des Métamorphoses d’Ovide aux compositeurs baroques européens. Ingrid von Wantoch Rekowski nourrissait le désir de faire une métamorphose de ces métamorphoses. Je lus : une paire de lunettes, une paire de ciseaux, un ruban adhésif, un feutre noir épais. Quinze opéras restèrent. Dix-sept récits. Je les résumai le plus que je pus au sein d’un chœur où les langues sources se trouveraient à la fois citées et de nouveau mêlées à la souche latine. Voici le fil de ces pièces raboutées : la première est espagnole et arrachée à l’opéra de Literes, Jupiter y Semele ; la deuxième anglaise, Haendel, Acis and Galatea ; la troisième allemande, Telemann, Orpheus ; puis Gluck, Orpheus, Lully, Persée, Haendel, Hercules, Gluck, Paride ed Elena, Leclair, Scylla et Glaucus, Montéclair, Pyrame et Thisbé, Cavalli, La Calisto, Haendel, Apollo e Dafne, Charpentier, Actéon, Rameau, Hippolyte, Blow, Venus and Adonis. Je pleurais tant ce que je ramassais ou tant ce que je coupais était beau. J’étais dans un jardin paradisiaque avec un sécateur. Je ne prélevais que le plus poignant.
J’avais l’impression de composer la musique que je lisais, que je rejetais soudain, ou que je noircissais tout à coup. Il est merveilleux de vivre ce qu’on aurait aimé vivre. J’aurais dû être musicien. Ce travail ressemblait au travail que je menai avec le corps de ballet d’Angelin Preljocaj autrefois, lorsque je coupais, tranchais, retranchais sans finir dans un conte, La Voix perdue, en 1995, pour finalement le réduire, de filage en filage, à un livret d’une page. C’était dans la montagne, à Gap, au mois de juin. Il faisait beau. La production avait mis à ma disposition une petite 4-L. J’errais dans la lumière.
Un an plus tôt, en 1994, Ingrid von Wantoch Rekowski avait fondé la compagnie Lucilia Caesar afin de mener le plus loin qu’il lui serait possible ses recherches sur le chœur, la danse, la musique et le langage. En 2003, Ingrid von Wantoch Rekowski mit en scène La Vergine dei dolori de Scarlatti à Naples. En 2004, Marguerite, l’Âne et le Diable fut créé au Beursschouwburg le 16 décembre. En 2005, Pour trouver les enfers est créé au Théâtre national de Bruxelles le 18 octobre.”
P. Q. » (Présentation de l’éditeur)
GORRILLOT, Bénédicte, « Pascal Quignard et la parole des enfers », Acta fabula, vol. 6, no 3 (automne 2005), [En ligne]. +++ Article de revue
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Pour trouver les enfers (oeuvre) | |
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Titre | Pour trouver les enfers |
Auteur | Pascal Quignard |
Parution | 2005 |
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