Préhistoire

prehistoire.jpg Éric Chevillard, Préhistoire, Paris, Éditions de Minuit, 1994, 176 p.

« Puis il inventa l’écriture. Dès lors, impossible de reculer : l’homme entra dans l’Histoire. Mais il serait faux de croire que tout a commencé pour lui ce matin-là. Depuis longtemps, l’homme s’activait sur la Terre. Moins doué pour la vie de tous les jours que les animaux, ses voisins, bisons, chevaux, mammouths, dont la paisible assurance et le sens pratique l’impressionnaient fortement, il en fit les héros de ses fresques rupestres - grandes figures éternelles, déjà vieilles de vingt ou trente mille ans, que l’on ne saurait donc comparer sans sourire à nos récentes peintures sur toile, démodées avant d’être sèches.
La grotte de Pales s’ouvre ainsi sur un réseau de galeries richement ornées. On la visite. Le narrateur de cette histoire, quand elle commence, vient justement d’être nommé au poste vacant de guide et gardien du site. Il tarde pourtant à prendre ses fonctions. Quelque chose le retient. »

Documentation critique

BLANCKEMAN, Bruno, « Chapitre fictions joueuses : roman du jeu », dans Les fictions singulières. Étude sur le roman français contemporain, Paris, Prétexte éditeur (Critique), 2002, p. 75-92. +++ Monographie

###« Joueuses […], certaines fictions s’autogénèrent en adoptant parfois par programmation un jeu de conduite strictement textuel. Un esprit avant-gardiste se maintient donc, contrairement à ce que l’on affirme parfois, comme se maintenaient naguère des tentations académiques quand la dite avant-garde, se sachant dominante, se voulait exclusive. Plusieurs écritures mènent ainsi à bien une mutation des formes narratives usuelles et une recherche de règles qui sachent produire des ressources alternatives. » (Extrait de l’introduction, p. 8-9)

L’auteur situe Préhistoire dans cette catégorie de « fictions joueuses » et se prête à une brève analyse aux pages 79-82.###

AUDET, René, « Éric Chevillard et l’écriture du déplacement : pour une narrativité pragmatique », dans Aline Mura-Brunel (dir.), Chevillard, Echenoz. Filiations insolites, Amsterdam / New York, Rodopi (CRIN - Cahiers de recherche des instituts néerlandais de langue et de littérature française, 50), 2008, p. 105-116. +++ Chapitre de collectif

### Porte aussi sur L’oeuvre posthume de Thomas Pilaster et Le vaillant petit tailleur ###

BESSARD-BANQUY, Olivier, « Une littérature du trou noir », Critique, n° 571 (décembre 1994), p. 975-981. +++ Article de revue

###« Désinvolte et revêche, l’oeuvre tout à fait singulière d’Éric Chevillard rejoint avec vigueur l’ensemble fermé des oeuvres brillantes qui, magnanimement dédaigneuses, éloignent les mauvais lecteurs et séduisent les exigences attentives. […] deux articles universitaires enthousiastes [ont tenté] de cerner les enjeux et l’importance d’un ensemble d’ores et déjà reconnu comme imposant, et qui, dans ses grandes lignes, s’offre sous les lumières d’une double réponse à une tentative d’épuisement sarcastique d’un monde organisé selon une logique absurde et à une volonté d’attacher le travail littéraire à la reconstitution d’un sens perdu. […] Mais la première ingéniosité de Préhistoire, le nouveau roman de Chevillard, s’il convient d’en distinguer une, est de parvvenir, par un changement radical de la tonalité du discours, à une vision peut-être plus cohérente. » (Extrait de l’introduction, p. 975) ###

VAUGEOIS, Dominique, « “L’encre retourne à l’encrier.” Le “préhistorique” et l’écriture de la fiction contemporaine », dans Bruno BLANCKEMAN, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle. [Actes du colloque international « Vers une cartographie du roman français depuis 1980 » organisé à la Sorbonne les 23, 24 et 25 mai 2002], Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, p. 173-183. +++ Chapitre de collectif

###« La parution fin 2000, à une semaine d’intervalle, de deux livres - l’un, Dormance, le premier roman de Jean-Loup Trassard, auteur confirmé de récits brefs, l’autre, le dernier récit de Claude Ollier, intitulé Préhistoire reprenant un titre utilisé en 1994 par Éric Chevillard - nous a amenée à interroger la signification d’une convocation du “préhistorique”, sous des formes bien différentes, dans ces trois textes. […] Le roman d’Éric Chevillard mêle avec beaucoup de drôlerie réflexion sur la notion même de préhistoire archéologique et aventures d’un personnage gardien d’un site paléolithique. […] Cette convergence de deux auteurs, dont la production commence dès la fin des années cinquante et ne s’est jamais ralentie, et d’un auteur plus récent, autour de ce motif textuel et idéologique de la préhistoire, n’est pas sans incidence sur la compréhension du paysage du roman que dessinent les années du passage d’un siècle à l’autre. […] Le point de vue adopté sera le suivant : en quel sens parler de la “préhistoire”, avec toute la charge sémantique que le terme implique, permet d’atteindre un plan où s’éclairent peut-être quelques enjeux majeurs de la fiction contemporaine ? » (Extrait de l’introduction, p. 173) ###

POIRIER, Jacques, « Le pas grand-chose et le presque rien », dans Bruno BLANCKEMAN, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle. [Actes du colloque international « Vers une cartographie du roman français depuis 1980 » organisé à la Sorbonne les 23, 24 et 25 mai 2002], Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, p. 371-380. +++ Chapitre de collectif

###« […] la littérature que je vais évoquer n’a pas pour visée le “rien”, mais le “presque rien”. […] Cette littérature, j’ai choisi de la désigner comme une écriture du “pas grand-chose” ou du “presque rien”. Mais pareille dénomination dissimule une ambiguïté, car il y a loin d’une écriture du “presque rien” évoquant sur le mode du neutre une réalité essentielle, à une écriture du “pas grand-chose”, reflétant dans sa médiocrité même la pauvreté de l’existence. Distance entre une écriture en miroir et une écriture en écart, qui toutes deux renvoient du monde une image en creux. » (Extrait de l’introduction, p. 371) ###

TERMITE, Marinella, Vers la dernière ligne, Bari, Edizioni B.A. Graphis (Marges critiques / Margini critici, 4), 2006, p. 19-24. +++ Monographie

###Quatrième de couverture
À travers l’appropriation de l’outil critique de la “fin”, les écrivains d’aujourd’hui interrogent les limites de l’art en remettant en question la mimésis traditionnelle. Pourquoi chercher et évoquer les espaces liminaires d’un texte en continuelle transformation? Que reste-t-il des mécanismes d’encadrement dans une œuvre ouverte? En creusant les notions problématiques de visibilité et de linéarité autour de la dernière ligne, cette étude analyse les formes d’“illimitation” de l’extrême contemporain et met en place les enjeux de la “fractalisation de l’écriture” au nom des effets de la simultanéité et de la profondeur. ###

DE SMET, Stijn, « Portrait de l’écrivain en orang-outang. Les Origines dans l’œuvre d’Éric Chevillard », Littératures, n° 58-59 (2008), p. 333-353. +++ Article de revue

### Résumé
La pensée des origines est omniprésente dans l’oeuvre d’Éric Chevillard. Il met à bas la réalité actuelle, obsolète et embourbée, pour la réinventer. Ainsi rejoint-il la malléabilité propre aux temps préhistoriques. Le grand nettoyage à la massue ne s’arrête pas là. En effet, si l’auteur s’inspire des motifs de la fiction préhistorique traditionnelle, c’est pour les déjouer. L’univers esquissé par Chevillard ne s’inscrit plus dans la prestigieuse téléologie historique, mais s’invente au rythme de la langue. Aussi le concept du hasard prend-il de nouvelles dimensions. Par sa quête de la plasticité primitive, Chevillard se rapproche de l’écriture et de la peinture d’Henri Michaux. Le lecteur est invité à sentir, à palper le monde et l’art nouveau-nés. Il n’est pas dès lors de retrouver également chez Chevillard l’influence de Georges Bataille. Somme toute, le titre du sixième livre de Chevillard, Préhistoire, acquiert une valeur programmatique. ###

BLANCKEMAN, Bruno, « De la préhistoire à l’après-histoire (Au sujet d’Éric Chevillard) », dans André Benhaïm et Michel Lantelme (dir.), Écrivains de la préhistoire, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2004, p. 159-176. +++ Chapitre de collectif

BENHAÏM, André, « L’âge de la madeleine : la préhistoire de Proust », dans André Benhaïm et Michel Lantelme (dir.), Écrivains de la préhistoire, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2004, p. 55-74. +++ Chapitre de collectif

Préhistoire (oeuvre)
TitrePréhistoire
AuteurÉric Chevillard
Parution1994
TriPréhistoire
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