Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
François Bon, C’était toute une vie, Paris, Verdier, 1995, 138 p.
« Une petite ville dans laquelle deux ans durant, on va une fois par semaine. Les gens et leurs visages, les paroles qu’on a reçues, et la ville elle-même, dans son trou de montagne : la terre, des usines mortes, des maisons sans toit. Ce qui force à écrire, c’est que les mots qu’on a reçus n’auront peut-être pas d’autre mémoire, et qu’ils vous hantent : un dépôt trop lourd. De ces visages qu’on a connus, l’un a disparu. Maintenant c’est par cette mémoire d’une jeune morte que toute la ville vous apparaît : ce qui se joue ici, dans la petite ville, c’est bien plus qu’un fragment du monde, mais toutes ses tensions rassemblées. Alors ce livre n’est plus ce “journal” qu’on projetait, mais bien le choc et l’émotion où on a été, a connaître ces visages et recueillir ces mots. Et c’est à la fiction d’en organiser les images, au nom de cette mémoire. »
(Quatrième de couverture)
HUGOTTE, Valéry, « Écritures du tombeau - François Bon, C’était toute une vie », dans Dominique Viart (dir.), Écritures contemporaines 1. Mémoires du récit, Minard (Lettres modernes), 1998, p. 137-155. +++ Chapitre de collectif
###« Ne pas réduire l’oeuvre de Bon à quelque projet “réaliste” et en saisir la dimension allégorique permettra donc de lire C’était toute une vie, non pas seulement comme un “témoignage”, mais comme un texte où s’articulent de manière frappante un récit de mémoireet une réflexion sur la mémoire du récit : écrire depuis le cimetière, écrire un tombeau, c’est pour Bon aussi bien se souvenir d’une disparue que répondre aux exigences d’une écriture déchirée entre sa nécessaire confrontation avec le réel et la prégnance de l’héritage. » (Extrait, p. 138)
Corpus retenu :
C’était toute une vie, Calvaire des chiens, Le crime de Buzon, Décor ciment, L’enterrement, La folie Rabelais, Parking, Le solitaire et Temps machine###
COUSSEAU, Anne, « Postmodernité : du retour au récit à la tentation romanesque », dans Bruno BLANCKEMAN, Aline MURA-BRUNEL et Marc DAMBRE (dir.), Le roman français au tournant du XXIe siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, p. 359- 370. +++ Chapitre de collectif
###« Des écrivains comme François Bon, Didier Daeninckx ou Michel Houellebecq, renouent avec une représentation “engagée” du réel immédiat, et l’on peut considérer que la réinscription du matériau narratif dans le contexte historiquement et socialement déterminé du monde contemporain constitue l’un des ancrages forts de l’évolution actuelle du récit. Or ce “retour à la transitivité” n’est pas sans incidence esthétique : les aspects de la société contemporaine, et des relations de l’homme au monde d’aujourd’hui, travaillent intimement un certain nombre de catégories romanesques. Quoique recourant à des formes et à des styles assez divers, les textes évoqués ici ont pour point commun de mettre en scène des parcours de personnages étroitement déterminés par leur rapport au monde actuel, selon des modalités qui varient de l’interrogation inquiète à une mise en cause radicale. Or chacun d’eux montre combien réengager le récit dans une telle voie n’est pas un choix innocent et repose des questions de poétique romanesque qui avaient été pour une part évacuées au nom d’une certaine modernité. » ###
SEGURA, Mauricio, « Méthode sociologique, méthode littéraire : analyse comparative de C’était toute une vie de François Bon et de La misère du monde de Pierre Bourdieu », dans Michel COLLOMB (dir.), L’empreinte du social dans le roman depuis 1980, Montpellier, Université Paul-Valéry (Centre d’étude du XXe siècle), 2005, p. 191-198. +++ Chapitre de collectif
###« Depuis une dizaine d’années, la critique universitaire parle d’une tendance à un “retour” du social dans le roman français des deux dernières décennies (Dominique Viart). Après un roman qui tournait résolument le dos au hors-texte, après un roman qui se disait mythologique, après un roman qui se voulait fiction pure (La nouvelle fiction, de Jean-Luc Moreau), certains écrivains semblent en effet revenir à une esthétique comportant un important volet référenciel. Les modalités de ce “nouveau” rapport au réel ne se font pas par l’intermédiaire de la poétique réaliste, où la notion de reflet est centrale. L’appréhension du réel est en soi un enjeu majeur de ces textes. » (Extrait, p. 191) ###
PARAYRE, Catherine, « Panoramic trompe-l’œil: C’était tout une vie, by François Bon », dans Leslie Boldt-Irons, Corrado Federici et Ernesto Virgulti (dir.), Disguise, Deception, Trompe-l’œil: Interdisciplinary Perspectives, New York, Peter Lang, 2009, p. 99-113. +++ Chapitre de collectif
C'était toute une vie (oeuvre) | |
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Titre | C'était toute une vie |
Auteur | François Bon |
Parution | 1995 |
Tri | C'était toute une vie |
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