Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Emmanuel Carrère - Paris, POL, 2000, 224 p.
« Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L’enquête a révélé qu’il n’était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu’il n’était rien d’autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d’être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Je suis entré en relation avec lui, j’ai assisté à son procès. J’ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d’imposture et d’absence. D’imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu’il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d’autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m’a touché de si près et touche, je crois, chacun d’entre nous. » (Quatrième de couverture)
WAGNER, Frank, « Le “roman” de Romand (à propos de L’Adversaire, d’Emmanuel Carrère), Roman 20/50, no 34 (décembre 2002), p. 107-124. +++ Article de revue
###« Utilisant les outils narratologiques élaborés par Gérard Genette, l’auteur se propose de procéder à un examen empirique des tensions du factuel et du fictionnel dans L’Adversaire d’Emmanuel Carrère, avant de poser le problème de la production de l’intérêt lectoral, ce qui engagera un nécessaire questionnement portant sur la (problématique) littérarité d’un tel texte. » (résumé joint à l’article) ###
HUGLO, Marie-Pascale, « L’avocat du diable ? Le Romand d’Emmanuel Carrère », dans Marie-Pascale HUGLO et Sarah ROCHEVILLE [dir.], Raconter ? Les enjeux de la voix narrative dans le récit contemporain, Paris, L’Harmattan (Esthétiques), 2004, p. 39-57. +++ Chapitre de collectif
HUGLO, Marie-Pascale, « Chapitre 5 : Hantise de la fiction dans L’adversaire d’Emmanuel Carrère », dans Le sens du récit. Pour une approche esthétique de la narrativité contemporaine, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion (Perspectives), 2007, p. 83-94. +++ Monographie
###Le chapitre 5 de cette monographie, « Hantise de la fiction dans L’adversaire d’Emmanuel Carrère », traite de L’adversaire d’Emmanuel Carrère. (p. 83-94) ###
RABATÉ, Étienne, « Lecture de L’adversaire d’Emmanuel Carrère : le réel en mal de fiction », dans Matteo MAJORANO (dir.), Le goût du roman. Actes du colloque Narrativa du Francia : leggere il presente/ La prose française : lire le présent, Bari, B.A. Graphis (Marges critiques), 2002, p. 120-133. +++ Chapitre de collectif
MARION, Esther N., « The Narrator-Perpetrator and the Infectious Crime Scene : Emmanuel Carrère’s L’Adversaire », dans James DAY (dir.), Violence in French and Francophone Literature and Film, Amsterdam, Rodopi (French Literature Series), 2008, p. 59-70. +++ Chapitre de collectif
BRIÈRE, Émilie, « Le laminage de l’événement et du quotidien », dans temps zéro. Revue d’étude des écritures contemporaines, no 1 (2007). [en ligne] +++ Article de revue
###« Cherchant à se ressaisir du réel depuis 1980, la littérature française contemporaine semble avoir trouvé dans le quotidien un nouveau champ d’exploration thématique et formelle. Pour tenter de rendre compte de cette matière qui échappe à toute définition stable par son caractère monotone et informe, plusieurs écrivains choisissent d’exclure de leurs récits tout ce qui pourrait « faire événement ». Dans des formes brèves voire fragmentaires, des auteurs comme Georges Perec (1983), Roland Barthes (1987), Annie Ernaux (1995 ; 2001) et Philippe Delerm (1997) s’efforcent d’observer et de retranscrire les menus faits qui composent la vie de tous les jours. Pour ce faire, ils se méfient de ce qui frappe fortement l’attention et risque de distraire l’observateur de ces micro-événements qui ne sont en rien « remarquables ». Selon ces auteurs, l’événement n’est pas seulement ce qui permet de définir le quotidien par la négative, il est aussi un obstacle à la description de ce dernier. Emmanuel Carrère, dans L’adversaire, explore aussi la vie quotidienne, mais, contrairement à Ernaux, Perec ou Barthes, il le fait en s’appuyant paradoxalement sur un fait divers ayant bouleversé l’imaginaire social français durant l’année 1993. Dans ce roman, le quotidien du protagoniste ne peut s’appréhender que téléologiquement, à la lumière d’événements tragiques que le narrateur et le lecteur connaissant déjà. Or ces événements, aussi exceptionnels soient-ils, sont présentés dans une logique itérative propre à la vie quotidienne. Carrère revisite ainsi les catégories qui déterminent les démarches d’écriture du quotidien en intriquant étroitement l’ordinaire et l’exceptionnel. Cet enchevêtrement est présent dans la matière et la manière du texte grâce à l’utilisation de certains procédés stylistiques et narratologiques. De plus, son impact se fait sentir jusque dans l’élaboration des personnages et dans la conception de la subjectivité qui sous-tend celle-ci. À ce traitement particulier du quotidien s’adjoint donc une réflexion sur l’individu qui peine à se constituer en sujet singulier dès lors qu’il n’est déterminé que par sa façade sociale et sa routine. Si l’approche de Carrère est, à bien des égards, étonnante, elle trouve cependant son écho chez Bruce Bégout, à qui l’on doit l’essai La découverte du quotidien (2005). En effet, pour le romancier et le philosophe, le quotidien se conçoit comme un processus dynamisé par la rencontre entre le familier et l’exceptionnel qui doit être apprivoisé. » (Résumé joint à l’article)###
BEUNARD, Anne, Considérations cliniques sur l’histoire de Jean-Claude Romand à partir de L’adversaire d’Emmanuel Carrère, mémoire de maîtrise, faculté de psychologie, Université de Caen, 2004, 70 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
OLIVIER, Annie, L’adversaire d’Emmanuel Carrère, Paris, Hatier (Profil d’une oeuvre), 2003, 128 p. +++ Monographie
###« Ce titre contemporain s’inscrit dans le cadre de l’objet d’étude commun à toutes les classes de première : le biographique. Il présente plusieurs atouts : une histoire connue des élèves puisque récemment portée à l’écran, une construction du récit originale. Ce titre, qui pose la question du rapport entre la fiction et la réalité au coeur du biographique, se lit aisément et permet de traiter un objet d’étude habituellement abordé par le biais de textes réputés difficiles : Enfance, Les Mots… Il a fait son entrée dans de nombreuses classes depuis la parution des films : L’Emploi du temps et L’Adversaire. L’auteur de cette étude est également l’auteur du Profil Histoire littéraire “Le biographique” » (Présentation de l’éditeur) ###
ROMESTAING, Alain, L’Adversaire d’Emmanuel Carrère : transgressions des limites, limites de la transgression », Romanica Silesiana, n 5 (2010), p. 180-194. +++ Article de revue
###« The Adversary, a narrative by Emmanuel Carrère, based on a sordid and disconcerting true story, revolves around an act of transgression — that of Jean-Claude Romand who, after deceiving his relatives for 18 years into thinking that he was a renowned doctor, killed all his family when the truth about his life was about to come out into the open. Carrère, in identifying Romand with the “Adversary” (i.e. with Satan) proposes a metaphysical, moral, social, as well as literary reading of transgression. The combination of deception with murder not only causes the irruption of evil in apparently peaceful lives, but it also challenges language itself, as well as writing which has to deal with a man both monstrously other and monstrously familiar. So, looking at it more closely, it seems that the explosion of transgression in The Adversary is to be read more as an anxious consciousness of the flimsiness of the boundaries than as the latter being called into question. » (résumé joint à l’article) ###
PALMER, Ruth, « The hoax, uncanny identity and literary journalism », dans Literary journalism studies, vol. 2, no 1 (printemps 2010), p. 85-105. +++ Article de revue
BRIÈRE, Émilie, « Faits divers, faits littéraires. Le romancier contemporain devant les faits accomplis », dans Études littéraires, vol. 40, no 3 (automne 2009), p. 157-171. +++ Article de revue
WAGNER, Frank, «“Comment le sais-tu ? ” La paralepse, aujourd’hui», dans temps zéro. Revue d’étude des écritures contemporaines, incursion du 23 avril 2013. [en ligne] +++ Article de revue
### « À partir des définitions genettiennes de la paralepse (excès d’informations par rapport au code modal dominant), il s’agit de cerner les usages et les fonctions du procédé dans la littérature narrative d’aujourd’hui, en relation homo- ou hétérodiégétique, en régime fictionnel ou semi-fictionnel. Des exemples prélevés dans divers récits contemporains (de Roegiers, Toussaint, Carrère, Echenoz) permettent de constater que la paralepse assure un renouvellement du soupçon à l’époque actuelle, en jouant un rôle de révélateur épistémologique. En effet, ce procédé narratif paradoxal engage une réflexion en acte sur la fiction, son perspectivisme, ses capacités de modélisation, et ses pouvoirs heuristiques. » (résumé joint à l’article)
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L'Adversaire (oeuvre) | |
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Titre | L'Adversaire |
Auteur | Emmanuel Carrère |
Parution | 2000 |
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