Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Sylvie Germain, L’enfant méduse, Paris, Gallimard, 1991, 312 p.
« Une petit fille, Lucie Daubigné, vit une enfance paisible et heureuse dans un village du Berry, au cœur des landes et des marais peuplés d’oiseaux, d’insectes, de crapauds et de fées invisibles. Les voix des bêtes, du vent et des légendes restées vivantes tissent le chant de la terre. Un chant plein de douceur.
Mais le calme bonheur du lieu et de l’enfance est soudain brisé. Un ogre rôde dans le pays, avide de corps de petites filles. La douleur et le deuil se lèvent sur son passage. Lucie devient la proie de l’ogre. Mais, si celui-ci ne la tue pas, comme ses autres victimes, il détruit peu à peu en elle l’innocence, la joie de vivre, l’amour et la bonté. Lucie, rongée par son secret de honte et de souffrance, se transforme en une créature maigre, laide et haineuse. Elle s’ensauvage. Le chant de la terre devient un chant de guerre et de vengeance. Armée de la seule force de son regard, l’Enfant Méduse entreprend le combat contre l’ogre. Lucie vaincra, mais ni la paix, ni l’innocence ne lui seront rendues. La douleur, la violence et la haine ont pris trop profondément racine en elle. Il faudra longtemps à Lucie, très longtemps, pour réapprendre à vivre en paix avec le mal, avec les autres et elle-même… »
(Quatrième de couverture)
BRICCO, Elisa, « Sylvie Germain, Pierre Michon, Pascal Quignard : l’art comme déclencheur de la fiction », dans Daniela FABIANI et Claude HERLY (dir.), Art et littérature. Regards sur les auteurs contemporains, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 155-168. +++ Chapitre de collectif
MARIANI, Marinella « Un voyage intérieur : le rôle de la lumière dans L’Enfant Méduse », dans Toby GARFITT (dir.) Sylvie Germain. Rose des vents et de l’ailleurs, Paris, L’Harmattan, p. 119-132. +++ Chapitre de collectif
GEAT, Marina, « Memoria, trauma e metamorfosi : L’enfant méduse di Sylvie Germain », Quaderni del Dipartimento di Scienze della Comunicazione, Università di Salerno, Roma, Carocci (2000). +++ Article de revue
BACHOLLE, Michèle, « L’enfant méduse de Sylvie Germain ou Eurydice entre deux éclipses», Religiologiques, n° 15 (printemps 1997), p. 139-149. +++ Article de revue
### Bacholle, 1997, HTML ###
GOULET, Alain, « L’Enfant Méduse, plongée au pays de l’enfance », Cahiers Robinson, n° 20, 2006, p. 163-174. +++ Article de revue
DEMANZE, Laurent, « Les possédés et les dépossédés », Études françaises, vol. 45, n° 3 (2009), p. 11-23. +++ Article de revue
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Résumé
Sociologues et historiens de la famille décrivent la modernité comme la perte des communautés traditionnelles qui soudaient l’un à l’autre l’héritier et ses ancêtres. Pour s’inventer librement, l’individu moderne rompt les entraves du passé, mais cette libération est aussi vécue chez les écrivains contemporains avec culpabilité. Afin d’y remédier, ils font une place à la fois inquiétante et fondatrice aux spectres et aux revenants de la généalogie, qui étayent et disloquent la parole de l’héritier. C’est ainsi que Sylvie Germain et Jean Rouaud, Gérard Macé, Pierre Michon et Pierre Bergounioux sont des écrivains hantés. Ce sont autant d’héritiers dont les gestes reconduisent des vies antérieures, et dont les mots sont comme magnétisés par les parlures ou les inflexions des parents. Ces héritiers sont donc en quelque sorte à la fois dépossédés d’un passé familial qui n’est pour eux que ruines et deuil et possédés par ces êtres absents qui obsèdent leur conscience et parasitent leur parole. L’héritier est alors déchiré par la mélancolie, au point de se faire tombeau de ses ascendants. À travers la thématique spectrale, la littérature contemporaine analyse toute la situation ambivalente de l’individu contemporain, à la fois orphelin et parricide d’un passé familial, et les secousses inconscientes et linguistiques de cette perte.
L'enfant méduse (oeuvre) | |
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Titre | L'enfant méduse |
Auteur | Sylvie Germain |
Parution | 1991 |
Tri | méduse |
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