Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Annie Ernaux - Paris, Gallimard (Coll. Blanche), 2002, 80 p.
« “J’avais quitté W. Quelques mois après, il m’a annoncé qu’il allait vivre avec une femme, dont il a refusé de me dire le nom. À partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L’image et l’existence de l’autre femme n’ont cessé de m’obséder, comme si elle était entrée en moi. C’est cette occupation que je décris.” Annie Ernaux » (quatrième de couverture)
BLANCKEMAN, Bruno, « Annie Ernaux : une écriture des confins », dans Fabrice THUMEREL (dir.), Annie Ernaux, une œuvre de l’entre-deux, Arras, Presses de l’Université d’Artois, 2004, p. 105-114. +++ Chapitre de collectif
###« Dans l’oeuvre d’Annie Ernaux, la vérité de soi — celle que l’écrivain construit, réagence, problématise sans cesse — ne se tient jamais intus et in pectore, dans une intériorité dont les avatars religieux, psychologiques, psychanalytiques ont successivement infléchi l’écriture autobiographique. Pour autant elle n’est pas projetée dans des postures d’extériorité radicale, behavioristes (trop automatique) ou comportementaliste (trop zoologiques). Elle se tient dans un entre-deux du sujet et du texte, dans la puissance qualifiante d’un désaisissement, une extraction de soi par attraction en l’autre dont l’écriture se fait l’agent et répète le mouvement à son corps de signes, en se déprenant de modèles strictement littéraires. […] Trois procédures me semblent à cet égard intéressantes à distinguer dans les textes d’Annie Ernaux retenus : un effet de désubjectivation, un phénomène de réappropriation trans-subjective, une volonté de figuration interpersonnelle. » (extrait, p. 105-106) ###
BLANCHARD, Marie-Ève, « (Dé)faire l’amour d’une histoire à l’autre: les dynamiques amoureuses chez Annie Ernaux dans “Fragments autour de Philippe V.”, L’occupation et L’usage de la photo », mémoire de maîtrise, Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal, 2010, 126 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### « Ce mémoire analyse les représentations de l’amour dans trois textes autobiographiques d’Annie Ernaux: “Fragments autour de Philippe V.”, L’occupation et L’Usage de la photo. L’amour est ici considéré comme une problématique féministe, dans la mesure où, comme le montre un préambule théorique, le modèle romantique impliquant notamment l’idéal de la fusion, cette abolition de soi dans l’autre, est une construction historique et politique qui tend à nuire aux femmes. Malgré la possibilité pour celles-ci de choisir leur partenaire ou de rompre, ce modèle demeure encore très influent aujourd’hui. Néanmoins, l’emprunt à différentes théories sociologiques permet d’envisager la mise en couple à la fois comme un processus contraignant et comme un espace d’évolution dans la définition de soi, puisqu’il est possible de prendre conscience des schèmes préconstruits et de s’en distancier. La principale hypothèse défendue est celle d’une trajectoire en trois états du sujet féminin, qui jouirait d’abord dans le premier texte d’une autonomie apparente lors de la séduction et des débuts du couple, puis qui se révélerait profondément hétéronome dans sa relation amoureuse et même après la fin de celle-ci dans L’occupation, pour ensuite tenter, avec L’Usage de la photo, de bâtir un nouveau rapport à l’amour qui serait plus équilibré et ne reposerait pas sur une dissymétrie des rôles amoureux. Dans ce demier texte qui comprend plusieurs photographies, la déconstruction imaginaire du genre sexuel contribue au dépassement du modèle conjugal, puisque celui-ci implique des rôles spécifiques pour chacun des sexes. L’analyse montre que les trois textes sont marqués, à des degrés variables, par des allers-retours entre les normes relatives au modèle traditionnel dans lequel la narratrice a été socialisée et une distanciation critique par rapport à ce modèle. Cette distanciation opère surtout au moment de l’écriture, caractérisée par son aspect antisentimental, parfois presque documentaire, qui favorise la conscientisation. L’écriture d’Ernaux sera également étudiée en lien avec celle de ses amants impliqués dans chacun des textes de notre corpus. “Fragments autour de Philippe V.” et L’occupation ont chacun provoqué des réponses dé Philippe Vilain, lequel s’efforce de défendre une autre image de lui et de la relation amoureuse, de même qu’une conception plus traditionnelle de l’amour hétérosexuel en général. Ces réactions rendent encore plus perceptibles la dimension féministe des textes d’Ernaux et la présence implicite d’une lutte des sexes derrière le mythe de l’amour. L’Usage de la photo, quant à lui, a été coécrit avec Marc Marie, dont l’écriture paraît au contraire s’harmoniser avec celle d’Ernaux. Néanmoins, il ne s’agit pas de fusion, puisque les auteurs signent chacun des sections respectives et développent ainsi une écriture autobiographique en parallèle qui est le lieu d’une introspection. » (résumé joint au mémoire)
SCHWERDTNER, Karin, « Endurance et écriture : une étude de L’occupation d’Annie Ernaux », dans Sergio VILLANI (dir.)Annie Ernaux. Perspectives critiques, Ottawa, Legas, 2009, p. 271-281. +++ Chapitre de collectif
L'occupation (oeuvre) | |
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Titre | L'occupation |
Auteur | Annie Ernaux |
Parution | 2002 |
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