Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Suzanne Jacob - Paris, Seuil, 1983, 182 p.
« Je m’appelle Jean. Je suis le frère de Laur. Je parle lentement. Je suis un faible. Je n’ai pas, à l’intérieur de moi, de ces déchaînements de forces qui poussent les êtres à la poursuite de destins effrénés et assourdissants comme les ambulances. » (Extrait, Seuil, 1983, p. 7)
OUELLETTE, Julie, « La rhétorique de l’idiot », Études littéraires, vol. 33, no 2 (été 2001), p. 169-185. +++ Article de revue
### Résumé
Souvent aphasique ou possédant très peu de vocabulaire, le personnage de l’idiot n’est dans la plupart des romans que décrit. Toutefois, certains écrivains ont su lui donner la parole, et ce, dans une prose fortement poétique. Parmi eux se démarquent William Faulkner (The Sound and the Fury), Anne Hébert (Les fous de Bassan) et Suzanne Jacob (Laura Laur) qui, à divers degrés dans leurs récits, ont donné à des personnages d’idiots les rênes de la narration. Tâche ardue puisqu’elle relève du paradoxe ; ces auteurs ont ainsi consacré une section entière de leur roman au “discours” d’un personnage caractérisé par son hermétisme. En s’intéressant au “projet commun” de ces trois auteurs, notre analyse vise à explorer les divers enjeux de l’éloquence du dépossédé.
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ANDERSON, Jean, « Mother, Mirror, Self : The “New” Writing of Suzanne Jacob », New Zealand Journal of French Studies, vol. 9, no 1 (mai 1988), p. 113-124. +++ Article de revue
PELLERIN, Karine, « L’espace de la femme marginale dans Laura Laur de Suzanne Jacob et L’enfant chargé de songes d’Anne Hébert », mémoire de maîtrise, département des lettres et communications, Université de Sherbrooke, 2005, 150 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
Il sera question, dans ce mémoire, de l’espace de la femme marginale dans les romans Laura Laur de Suzanne Jacob et L’Enfant chargé de songes d’Anne Hébert. Cela dans le but de découvrir si le mode d’occupation de l’espace de ce modèle féminin est semblable à celui du groupe de référence et s’il diffère, quelles en sont les particularités.
Dans le premier chapitre, il sera question des éléments théoriques. D’abord, les notions liées à l’espace dans la littérature seront présentées: sa définition, l’approche pluridisciplinaire favorisée, les figures et les configurations spatiales susceptibles d’être repérées ainsi que la division de l’espace en espace privé et public. À cela, s’ajouteront les notions de nomadismes et de sédentarisme ainsi que celle de milieu rural et de milieu urbain. Ces dernières apporteront un certain éclairage quant aux systèmes de valeurs auxquels peuvent se voir associés les différents personnages. La seconde partie de ce chapitre abordera la femme marginale: sa définition, forcément liée à ce qui constitue la normalité, ses caractéristiques, ce à quoi correspond sa proche parente, la sorcière des temps moderne ainsi que les possibles statuts du féminin tels qu’élaborés par Isabelle Boisclair.
Le deuxième chapitre sera constitué de l’analyse du roman Laura Laur. Comme Laura n’a aucun accès direct à la parole, ce sont les propos tenus par les personnages masculins qu’elle a côtoyé qui nous mènerons à elle. Afin qu’il soit plus aisé de traiter l’information transmise par eux, ce chapitre sera divisé d’abord selon les espaces privés, ensuite selon les espaces publics. L’espace privé sera abordé en fonction de deux périodes temporelles, l’enfance et l’âge adulte, alors que l’espace public sera plutôt traité d’après les localités où prend place Laura. Fait à ne pas négliger: l’étude de la relation à l’espace de Laura sera toujours très liée à l’étude de ses relations avec autrui vu l’absence de moments de solitude dans les révélations faites par la narration.
Enfin, le troisième chapitre portera sur l’espace des personnages marginaux dans L’Enfant chargé de songes. Ici, grâce à la narration omnisciente, nous aurons accès à ces personnages sans autre intermédiaire. Malgré le fait que Lydie sera le personnage à propos duquel nous élaborerons plus longuement, la marginalité de Pauline et de Camille ne pourra être niée. Une partie, plus imposante, sera consacrée à l’espace de Lydie : d’abord son espace privé, ensuite son espace public. Elle sera suivie d’une partie abordant l’espace de Pauline, principalement composé de l’espace privé, et d’une abordant l’espace de Camille qui est plutôt du côté de l’espace public. Nous serons donc en mesure de tenter d’établir dans quel type d’espace Lydie sera le plus à l’aise et comment se manifeste la marginalité de Pauline et de Camille dans l’espace qu’elles ont choisi comme étant le leur.
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BOIVIN, Aurélien, « Laura Laur ou l’émancipation d’une enfant terrible », Québec français, no 117 (printemps 2000), p. 90-92. +++ Article de revue
LAPLANTE, Annissa, « La délinquance au féminin dans Flore Cocon et Laura Laur de Suzanne Jacob », mémoire de maîtrise, département des études françaises, Université de Montréal, 1999, 122 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
JOSEPH, Sandrina, « Objet de mépris, sujet de langage : l’injure performative et la construction du sujet féminin chez Annie Ernaux, Suzanne Jacob, Violette Leduc et France Théoret », thèse de doctorat, Department of French, University of Toronto, 2006, 359 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
Cette thèse, qui comporte cinq chapitres, a pour objectif de démontrer que, dans certaines oeuvres d’Annie Ernaux, de Suzanne Jacob, de Violette Leduc et de France Théoret, l’énoncé injurieux est un mode d’émancipation pour les narratrices et les personnages féminins. L’injure peut effectivement être une stratégie discursive libératrice qui permet à une femme injuriée de devenir sujet en critiquant les obstacles empêchant son accès à la subjectivité. La démonstration se fera en deux temps : il s’agira d’élaborer une théorisation de l’injure performative au féminin pour ensuite en analyser le fonctionnement dans des textes littéraires qui révéleront différentes stratégies forgées par des femmes répliquant à leurs injurieurs. La femme injuriée qui injurie à son tour (un mouvement appelé la chaîne paradigmatique injurieuse) parvient à avoir prise sur le monde extérieur hostile en s’appropriant un langage qui devait la condamner au silence.
Le premier chapitre s’ouvre sur un survol des principaux théoriciens de la performativité (Austin, Récanati, de Souza Filho, Butler, Threadgold) pour ensuite proposer une étude de l’insulte qui en exposera la nature performative, le potentiel subversif. Le second chapitre entamera le volet critique de cette thèse par le biais d’une analyse de L’asphyxie et de La bâtarde, deux autobiographies de Violette Leduc, où il sera démontré qu’en réponse aux insultes de sa mère, Leduc élabore une stratégie auto-injurieuse qui rend possible sa venue à l’écriture. Les armoires vides et L’événement, deux textes autobiographiques d’Annie Ernaux auxquels est consacré le troisième chapitre, illustrent quant à eux la déchirure culturelle de l’auteure qui, grâce à son avortement clandestin, répond aux insultes dont elle a été victime en injuriant à son tour et en témoignant de son passé. Pour la poète France Théoret, dont les recueils Bloody Mary et Nécessairement putain sont étudiés dans le quatrième chapitre, le déplacement de l’injure sexuelle patriarcale à l’injure fécale donne jour à une voix féminine subversive. Enfin, pour les héroïnes de Flore Cocon et de Laura Laur, deux romans de Suzanne Jacob dont il est question dans le cinquième chapitre, les insultes dont elles font l’objet attaquent leur marginalité qu’elles vont réclamer avec leurs répliques.
La version PDF de la thèse est disponible pour les membres de communautés universitaires qui ont un abonnement institutionnel auprès de UMI - Proquest.###
BOISCLAIR, Isabelle, « Laura Laur, personnage hologramme. De l’intersubjectivité dans la littérature », dans temps zéro, nº 9 (2015), [en ligne]. +++ Article de revue
### Résumé
La construction particulière de Laura Laur, de Suzanne Jacob (1983), effaçant la voix du personnage principal au profit de quatre personnages de son entourage (deux frères et deux amants), est ici prise en exemple pour aborder l’intersubjectivité, selon laquelle tout échange entre deux sujets participe à la production des subjectivités de chacun d’entre eux. Compte tenu du sexe des instances narratives (ce sont quatre hommes qui dessinent, depuis leurs positions respectives, une femme), est aussi considérée la dimension genrée du travail des rapports intersubjectifs dans la constitution du soi. Laura Laur apparaît ainsi comme un hologramme trahissant les attentes des uns et des autres envers le féminin.
Abstract
The singular construction of Suzanne Jacob’s Laura Laur (1983), which effaces the voice of the main character in favour of that of four characters from her entourage (two brothers and two lovers) is taken here as an example for approaching intersubjectivity, an approach according to which every exchange between two subjects contributes to the production of their subjectivity. Taking into account the sex of the narrative instances (four men depicting a woman from their various perspectives), the gendered dimension of the role of intersubjective relations in the constitution of the self is also considered. Laura Laur then appears as a hologram that betrays the various expectations associated with the feminine.
LAHAIE, Christiane, « Alice s’en va au cinéma, ou comment museler le roman féministe », Recherches féministes, vol. 7, no 2 (1994), p. 81-94. +++ Article de revue
### Résumé
L’adaptation d’un roman pour le cinéma n’est jamais chose facile. Et que dire du roman féministe dont les structures narratives se voient souvent investies d’un message subversif, inscrit à même la narration, ou la non-narration de la protagoniste ? La difficulté provient-elle du médium filmique et de ses limites, ou du discours dominant dont il est entaché et qui a tendance à faire de la femme un objet de la narration au masculin ? Les analyses de Laura Laur de Suzanne Jacob et de son adaptation au cinéma par Brigitte Sauriol, ainsi que celles du roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood et du film de Volker Schlôndorff devraient nous permettre de vérifier l’hypothèse voulant que Laura Laur et Offred, femmes exceptionnelles de ces romans, aient été diminuées lors de leur passage du côté du grand écran.
OUELLETTE, Julie, « Là où le chien aboie, et La rhétorique de l’idiot », mémoire de maîtrise, département de langue et littérature françaises, Université McGill, 1998, 86 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
Là où le chien aboie, (création)
Autour de la table d’un conseil municipal clandestin, un maire et ses échevins outrés de la bêtise de l’idiot du village conspirent sa mort. Un beau matin de printemps, ils l’enlèvent et vont le jeter dans un puits perdu en prenant bien soin d’en sceller l’ouverture. Toutefois, au bout de trois jours, l’idiot se remet à crier du fond de sa fosse. Contaminés dans leur propre cadastre par les cris de l’innocent, c’est avec l’éloquence du dépossédé que les villageois devront tour à tour raconter leur histoire: leur folie rurale dont ils ne connaissent rien. Ils seront alors saisis à leur insu à l’intérieur de courts récits sans début ni fin –de multiples instantanés en mouvement– qui ne se donneront que poUf un seul puisque régis par la même inquiétante rumeur.
La rhétorique de l’idiot, (critique)
Dans l’ombre du fou, sujet de fascination littéraire extrême depuis quelques années, se berce silencieusement l’idiot. De multiples fois illustré par divers auteurs, sa problématique semble se distinguer de celle de l’« illuminé ». Souvent aphasique ou possédant très peu de vocabulaire, l’idiot n’est dans la plupart des cas que décrit. Toutefois, certains écrivains ont su lui donner la parole et ce, dans une prose fortement poétique. Parmi ceux-ci se démarquent William Faulkner (The Sound and the Fury), Anne Hébert (Les fous de Bassan) et Suzanne Jacob (Laura Laur) qui, à divers degrés dans leurs récits, ont légué à des personnages d’idiots ou de simples d’esprit les rênes de la narration. Tâche ardue puisque relevant du paradoxe, ces auteurs ont consacré une section entière de leur roman au «discours» d’un personnage caractérisé par son hermétisme. Ce seront d’ailleurs les outils de la nouvelle rhétorique (rhétorique réconciliée des figures et de l’argumentation) telle qu’appréhendée par Michel Meyer dans ses divers ouvrages qui serviront à l’analyse des trois narrations. Il deviendra alors possible d’investiguer l’assimilation nécessaire du sens et de l’argumentation à l’intérieur de ce qu’il serait permis d’appeler un projet commun aux trois auteurs.
SUHONEN, Katri, Prêter la voix. La condition masculine et les romancières québécoises, Québec, Nota bene (Coll. Essais critiques), 2009, 290 p. +++ Monographie
### L’un des chapitres est consacré à une analyse de Laura Laur de Suzanne Jacob.
Compte rendu de Lucie Joubert sur cet ouvrage : JOUBERT, Lucie, « Écoutez quand “je” parle », Voix et images, vol. 35, no 1 (no 103 - automne 2009), p. 132-140.###
MORRIS, Julia, « Le regard-miroir de Laura Laur ou comment parler sans dire », Logosphère : Revue d’Études Linguistiques et Littéraires, no 3 (2007), p. 113-128. +++ Article de revue
### Résumé
Cet article propose d’examiner comment l’inscription narrative et fictive du regard féminin dans Laura Laur contribue à détourner le pouvoir et l’autorité de la « fiction dominante », à représenter l’agentivité féminine et à redessiner la trajectoire et le destin narratif de l’héroïne éponyme.
DEN TOONDER, Jeanette, « Le sujet féminin nomade : La mouvance spatiale dans La Vie en prose de Yolande Villemaire et Laura Laur de Suzanne Jacob », dans Louise DUPRÉ, Jaap LINTVELT et Janet M. PATERSON (dir.), Sexuation, espace, écriture : La littérature québécoise en transformation, Québec, Nota Bene, 2002, p. 413-430. +++ Chapitre de collectif
LÓPEZ, Marina, « Laura Laur : Le miroir déchiré » dans Lídia ANOLL et Marta SEGARRA (dir.), Voix de la Francophonie (Belgique, Canada, Maghreb), Barcelone, Publicacions de la Universitat de Barcelona, 1999, p. 217-223. +++ Chapitre de collectif
Laura Laur (oeuvre) | |
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Titre | Laura Laur |
Auteur | Suzanne Jacob |
Parution | 1983 |
Tri | Laura Laur |
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