Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Catherine Mavrikakis, Le ciel de Bay City, Montréal, Héliotrope, 2008, 204 p.
« 1960. Cette année-là, une maison de tôle est livrée au bout de Veronica Lane à Bay City. Une famille s’y installe. Deux soeurs, Denise et Babette, vont donner tour à tour naissance à de petits Américains. Elles ont quitté l’Europe et la dévastation de la guerre pour l’Amérique. L’avenir paraît alors appartenir à ce continent où tout est plus gai, plus neuf.
Mais l’Histoire ne se laisse pas mettre de côté. Amy, la fille de Denise, est hantée par les morts et va faire une étrange découverte dans le sous-sol de la petite maison de tôle.
Roman puissant, traversé par la soif de l’Amérique et la volonté désespérée d’en finir avec le passé, Le ciel de Bay City dresse un réquisitoire contre l’indifférence du ciel à l’endroit de notre souffrance. »
(Quatrième de couverture)
SAPP, Robert, « An American Haunting: Living with Ghosts in Catherine Mavrikaki’s Le Ciel de Bay City », New Zealand Journal of French Studies, vol. 35, n° 2 (2014), p. 7-21. +++ Article de revue
LINZ, Rebecca, « Maternités et identités: Representations of motherhood and national identity in literary texts of Quebec », thèse de doctorat, University of New York, 2013, 228 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Abstract
In this dissertation, I analyze the depiction of the mother figure in a selection of Québécois texts spanning from 1916 (Maria Chapdelaine by Louis Hémon) to 2008 (Le Ciel de Bay City by Catherine Mavrikakis). During the course of the 20 th through the start of the 21st centuries, Québécois authors have consistently given importance to mothers in their works, although the mothers often appear to play a minor role. Througout the nearly century-long span of the literature in this study, I observe how the mother evolves from a martyred “guardian of the hearth” who upholds religious and domestic duties to various depictions of maternal (and frequently anti-maternal) women. These myriad “maternités et identités” reflect what is happening within Quebecc either at the time each text was written or when the story takes place. I argue that the literary mother represents not only the domestic sphere in which she plays a central role but also social and political changes within Quebecc. For example, cruel mothers are used as a subversive tool to critique both traditional gender roles and governmental and religious oppression during the grande noirceur period. Québécois authors such as Marie-Célie Agnant, Lori Saint-Martin, Ying Chen and Mavrikakis present texts from multicultural perspectives that reveal discrimination and injustices on a global scale. In every text studied here, the authors privilege mother-child relationships significantly more than those between the mother and her spouse. These mother-child relationships reveal the important influence mothers have upon their offspring and the desire children have to cultivate close relationships with their mothers, regardless of their mothers’ degree of affection. The authors included here rarely present the mother’s point of view (the protagonists being most frequently the children), and oftentimes she plays what appears to be a minor role in a given text. This lack of centrality, however, belies her compelling significance.
Linz, 2013, PDF ###
LAFOREST, Daniel, « La banlieue dans l’imaginaire québécois. Problèmes originels et avenir critique », Temps Zéro : revue d’étude des écritures contemporaines, n° 6 (avril 2013), [en ligne]. +++ Article de revue
### Résumé
La banlieue est l’objet d’une visibilité accrue dans l’imaginaire littéraire du Québec contemporain. Rien n’indique cependant qu’elle ait dépassé le stade de la caricature ou de la critique unidimensionnelle. Face à cela cet article formule deux hypothèses. La première est qu’il y a une ville consensuelle dans les imaginaires du Québec moderne, et que cette ville repose sur la suppression de l’historicité des formes périurbaines. La seconde est que la réhabilitation de cette historicité dégagera des avenues critiques neuves pour la lecture des récits urbains contemporains. À travers Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières et Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis, on verra que le mot banlieue recouvre en fait deux notions qu’il est urgent d’articuler avec le développement de la littérature québécoise : l’urbanisation et la vie ordinaire.
Abstract
The suburb has become progressively more visible in the literary imaginary of contemporary Québec, though nothing seems to indicate that it has surpassed the stage of caricature or unidimensional criticism. In light of this situation, two hypotheses are formulated in this article. The first is that a widely accepted type of city dominates in the imaginary of modern Québec, and that this city is founded upon the suppression of the historicity of peri-urban forms. The second is that the rehabilitation of this suppressed historicity will open new critical avenues for the interpretation of contemporary urban stories. Through an analysis of Pierre Vallières’ Nègres blancs d’Amérique and Catherine Mavrikakis’ Le ciel de Bay City, we will see that the word ‘suburb’ encompasses two notions urgently requiring clarification in view of the development of Québécois literature: urbanisation and ordinary life.
LEQUIN, Lucie, « L’écriture du soi et un certain théâtre de l’obscène dans des romans québécois récents », dans Erika FÜLLÖP et Adrienne ANGELO (dir.), Cherchez la femme: Women and Values in the Francophone World, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars, 2011, p. 238-250. +++ Chapitre de collectif
### Porte également sur À ciel ouvert, de Nelly Arcan, L’ingratitude, de Ying Chen, et Borderline, de Marie-Sissi Labrèche. ###
KILLICK, Rachel, « Heartland/Hinterland/Wasteland: North American Ex-Urbia as a ‘non-lieu de la surmodernité’ in Catherine Mavrikakis’s Le Ciel de Bay City », British Journal of Canadian Studies, vol. 24, n° 2 (2011), p. 161-175. +++ Article de revue
### Abstract
Turning away from changing definitions of heartland and hinterland in twentieth-century Quebec, Le Ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis’s 2009 prize-wining novel, offers a devastating critique of Western consumerist society in the anonymous wasteland of contemporary North American ex-urbia. Marcel Augé’s analysis of ‘supermodernity’ provides the initial conceptual basis for an analysis of Mavrikakis’s argument. However, the harrowing hallucinatory experiences of her female narrator/protagonist, a Franco-American of Jewish descent, introduce a crucial historical dimension. Uncovering with the narrator the secrets of her past, Le Ciel de Bay City traces the dystopic malaise of North American industrial ex-urbia to its sources in the production-line slaughter of the Holocaust. Mavrikakis’s portrait of traumatised alienation thus engages with a Western catastrophe capitalist reification in ways that recall not only the work of Augé but also the analyses of sociologists such as George Ritzer and political activists such as Nancy Klein. ###
LAFOREST, Daniel, « Dire la banlieue en littérature québécoise. La Soeur de Judith de Lise Tremblay et Le Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis », Globe: revue internationale d’études québécoises, vol. 13, n° 1 (2010), p. 147-165. +++ Article de revue
### Résumé
La banlieue est un point aveugle dans l’historiographie littéraire québécoise autant que dans le panorama des approches critiques qui s’y rattachent. Certes les écrivains la représentent ; ils l’ont fait de plus en plus ces dix ou quinze dernières années avec l’arrivée à maturité d’une génération qui en a connu les formes canoniques du boom d’après–guerre. Mais il n’existe pas de problème spécifique de la banlieue. Elle est pensée hâtivement comme un décor caricatural propre à la critique de la conformité américaine, ou bien elle est estompée par l’éclat d’une ville centrale littéraire dans laquelle on a précipité tous les signes de la modernité et du cosmopolitisme. À cet égard les études littéraires québécoises ont beaucoup à rattraper quant à la réalité du développement périurbain depuis 1945. Cet article propose une avenue en ce sens avec l’étude de deux romans d’importance publiés récemment : La soeur de Judith de Lise Tremblay et Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis. Deux romans qui se détournent de la banlieue comme décor, et qui tentent de donner une forme littéraire à l’expérience même du développement périphérique.
Abstract
Suburbia is a blind spot in the historiography of Quebec’s literature, as well as in the related critical approaches. That is not to say writers are not representing it ; actually, they have been increasingly doing so with the coming of age of a generation that lived through its canonical postwar forms. But there is no distinct problem pertaining to suburbia. It is conceived either as a caricatural setting for the critique of North-American middle-class conformity, or as a negligible area of urban space overshadowed by the vibrancy, the modernism and the cosmopolitanism more traditionally associated with the central city in literature. In this regard, Quebec literary studies have a lot to catch up with the reality of peripheral urban development since 1945. This article wishes to point the way through a reading of two important novels published recently : La soeur de Judith by Lise Tremblay and Le ciel de Bay City by Catherine Mavrikakis. Both novels refuse to represent suburbia as a mere background. They rather show a new desire to give a literary representation to the very experience of peripheral urban development.
LORD, Catherine, « La récupération identitaire dans Le ciel de Bay City de Mavrikakis et Le livre d’Emma d’Agnant », mémoire de maîtrise, Queen’s University, 2012, 115 p. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Abstract
This thesis explores the fragmented identities of the main characters in Catherine Mavrikakis’s Le ciel de Bay City and in Marie-Célie Agnant’s Le livre d’Emma. It determines that this fragmentation is rooted in traumatic legacies, namely the Holocaust and the trans-Atlantic slave trade. It discusses how, in the novels, these past traumas are silenced or not included into the main narratives available to the heroines, which results in their alienation. It also examines how the deficiencies in the heroines’ collective or family histories come to haunt them in their present lives. It explores the different levels of the disruption in the passing on of their legacies. Taking into account feminist, post-colonial and psychoanalytical theories, it investigates ways the heroines attempt to transcend this horrific past, notably by using their body and recovering their collective histories and family memories. Then it discusses the protagonists’ use of history in reconstructing their identities and determines whether they come to grips with the horrors they have discovered. It is argued that in spite of this heavy past, its discovery is essential for reconstructing the heroines’ identities. Once they reclaimed their stories, they are able to hand it down to their off-springs. This transmission is viewed as a way of re-establishing a lost narrative, as well as a way of reintegrating the normal course of their history; it offers a degree of catharsis and ensures the next generation will be able to endure its past.
Lord, 2012, PDF ###
WEBER, Leigh Ellen, « Écrire le traumatisme: Pour une étude de l’incompréhensible chez Soucy, Duras, Mavrikakis et Perec », mémoire de maîtrise, Queen’s University, 2011, 146 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Abstract
We live in an era of fragmented memory. Though the wars and catastrophes of the twentieth century may have preceded our birth, we remain haunted by their lingering presence. Many studies have been conducted on the delayed nature of trauma, the power of the past to govern the present: it is precisely for this reason that trauma is a contemporary theme in both the social sciences and humanities. Psychology has demonstrated that a symbolization of the traumatic past is of the utmost importance to the process of liberating oneself from its encumbering grasp. However, in the wake of events that surpass human understanding, notably the Holocaust and the bombing of Hiroshima, the question arose of how such brutal realities could possibly be represented.
It is here that literature comes into play. The present study considers the theme of trauma and its various representations in five literary works: L’Immaculée Conception by Gaétan Soucy, Savannah Bay by Marguerite Duras, the film Hiroshima mon amour by Duras and Alain Resnais, Le ciel de Bay City by Catherine Mavrikakis and Georges Perec’s W ou le souvenir d’enfance. It will demonstrate that these authors, rather than yield to that which resists representation, embrace the dilemma. This study’s progression will be twofold, looking first at an individual trauma based on fictional events in order to examine the literary means of symbolizing reality. The works in the succeeding chapters move toward historical and collective phenomena, departing from fiction with respect to the events, but not, however, in regard to the symbolization of these realities. The authors continue to resort to the imaginary to represent the horrors of the past. This recourse raises certain questions: what is the role of literature in representing trauma? What is the relationship between fiction and reality, and finally, can writing aid in the process of healing from a traumatic past?
Weber, 2011, PDF ###
ASTIER-PERRET, Sandrine, « Du “Home sweet home” à la maison hantée : représentation de la maison dans les romans québécois des années 2000 », mémoire de maîtrise, Littératures de langue française, Université de Montréal, 2015, 107 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
S’inscrivant parmi les travaux actuels sur le lieu, le présent mémoire s’intéresse à la représentation de la maison dans les romans québécois contemporains, notamment chez Catherine Mavrikakis, Élise Turcotte et Ying Chen. Dans le cadre de cette lecture sociocritique, le sociogramme de la Maison est la notion opératoire retenue, les deux composantes conflictuelles du noyau étant le « Home sweet home » et la « maison hantée ». Le travail de déchiffrement s’appuie ainsi sur les caractéristiques de ce binôme réfractées par les textes.
À une époque caractérisée par un « hyper-investissement de l’espace privé », pour reprendre l’expression de Gilles Deleuze, la maison dans les romans québécois des années 2000 se révèle plutôt comme un espace marqué par la hantise, loin de l’image rassurante de la maison-nid véhiculée par certains discours en circulation dans la société. Fantômes et spectres envahissent ce lieu de l’intimité et deviennent des figures du quotidien, révélant ainsi le profond malaise des habitants et le refoulement d’un passé problématique. Le sujet se trouve alors confronté à une « inquiétante étrangeté » à l’intérieur même de son foyer.
Abstract
As part of the topical writings on the concept of place, this Master’s thesis applies the sociocriticism tools to the analysis of the representation of the home in contemporary Quebec novels, especially those of Catherine Mavrikakis, Elise Turcotte and Ying Chen. This analysis focuses on the Home sociogram as the core operational concept, its two main conflicting components being the “Home Sweet Home” and the “Haunted House”. The deciphering work leans on the characteristics of this couple as expressed in the selected writings.
While our time is defined by a “private space hyper-investment”, as expressed by Gilles Deleuze, the house in the Quebec novels of the 2000’s appears more as a location imprinted by the haunting, far from the reassuring image of the home sweet home as advertised in our society. Ghosts and wraiths invade this intimate space and become actors of the everyday life, revealing the profound unease of the occupants and the repression of a problematic past. The subject is therefore confronted to a “disturbing strangeness” in the heart of its home.
PARENT, Marie, « L’Amérique à demeure : représentations du chez-soi dans les fictions nord-américaines depuis 1945 », thèse de doctorat, département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal, 2016, 475 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
Cette thèse s’intéresse à la représentation du chez-soi, conçu autant comme logement matériel que comme construction symbolique s’inscrivant dans un processus individuel et collectif d’occupation du territoire. Cette représentation subit un déplacement majeur à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, moment qui correspond au développement massif des banlieues, au renforcement de la culture de masse, à la fin des modes de vie traditionnels et à la reconfiguration des rôles sexuels et de la vie familiale. Le discours des littéraires et des intellectuels est alors marqué par le constat d’une habitation dégradée, qui expose le sujet humain à l’aliénation sur tous les plans (ontologique, culturel, politique ou sexuel). Notre travail vise à analyser ce topos d’une Amérique inhabitable dans des textes québécois, états-uniens et canadiens-anglais, majoritairement écrits par des femmes. Le chez-soi dans ces textes, qu’il soit réel ou rêvé, qu’il renvoie à une maison ou à un logis plus précaire, constitue un lieu de tension entre le dedans et le dehors, un lieu de lutte et d’échange. Loin de représenter un refuge en retrait du monde, l’espace domestique y devient au contraire un espace politique où se rejouent les rapports de force présents dans la société, mettant en jeu la doctrine de la séparation des sphères publique et privée. La représentation du chez-soi sert en fait à interroger la relation à l’autre et à l’environnement, à mettre en évidence les conflits qui animent la vie sociale. Les textes de Flannery O’Connor, Adrienne Choquette, Alice Munro, Margaret Atwood, Francine D’Amour, Marilynne Robinson, Jamaica Kincaid, Austin Clarke, Catherine Mavrikakis et Louise Erdrich nous permettent d’étudier la variété des discours sur l’habitation qui traversent la deuxième moitié du XXe siècle et font émerger des questionnements sur notre conception de l’intimité et de l’hospitalité, de la propriété et de l’appartenance, de la mémoire et de la filiation. Ils participent d’une critique du chez-soi en tant que concept patriarcal et impérialiste, tout en affirmant la pertinence de la fondation d’un lieu habitable. Tout au long de la thèse sont convoquées des théories issues de différentes disciplines (histoire, anthropologie, philosophie, études féministes ou postcoloniales), mais ce corpus critique et théorique est mis au service de la fiction, dont l’analyse interne précède toujours sa mise en relation avec les discours, savoirs et représentations qui circulent dans la société. L’approche sociocritique, tout en plaçant le texte littéraire au centre de ses investigations, contribue à mettre en relief la nature tant sociale que symbolique des enjeux qui concernent le chez-soi.
BÉRARD, Cassie, « D’autres fantômes (roman) ; suivi de Entre inconscience et volonté : conflit de lectures et construction du soupçon dans quelques narrations non fiables indécidables (étude) », thèse de doctorat, département d’études littéraires, Université Laval, 2014, 501 f. +++ Thèse de doctorat / mémoire de maîtrise
### Résumé
Les deux volets de cette thèse de recherche-création en études littéraires visent à observer la narration non fiable dans les œuvres romanesques. Le roman, intitulé D’autres fantômes, intègre des dispositifs textuels qui supportent une narration problématique et occasionnent une expérience du soupçon. Albert, témoin du suicide d’une inconnue dans le métro, se décide à marcher sur les traces de cette femme pour lui redonner vie. Sa recherche souffre de ses rencontres avec des personnages énigmatiques qui l’entraînent sur de fausses pistes. Son acharnement brouille sa lucidité et le fait basculer dans l’obsession ; il en vient à douter de ses souvenirs, des événements, des lieux. En plus d’ébranler ses liens familiaux, cette aventure l’amène à confronter ses fantômes du passé, qui reparaîtront pour transformer son enquête en quête identitaire. Sur le plan narratologique, le discours intérieur d’Albert problématise la « narration simultanée » et montre l’influence de la subjectivité sur l’énonciation. La réflexion théorique, intitulée Entre inconscience et volonté : conflit de lectures et construction du soupçon dans quelques narrations non fiables indécidables, s’intéresse à l’indécidabilité interprétative que supposent certains cas de non-fiabilité narrative. Plus précisément, l’étude veut sonder le « lieu interprétatif » où coexistent, dans certains romans, deux hypothèses de lecture conflictuelles, voire incompatibles : le narrateur « inconscient » de sa non-fiabilité peut paraître « volontairement » non fiable pour certains lecteurs, et vice versa. À côté des romans Le ciel de Bay City (Mavrikakis, 2008) et Le Black Note (Viel, 1998), L’emploi du temps (Butor, 1957) mobilise l’essentiel de l’analyse. Cette œuvre engendre des lectures de la non-fiabilité soutenues par un motif ou par une cause (tromperie ou faillibilité), lesquels s’avèrent contradictoires. L’étude, alliant narratologie et théories de la lecture, souligne le rôle du lecteur devant l’ambiguïté à laquelle mène l’intention des narrateurs. À cet effet, l’étude évalue le degré de responsabilité des narrateurs et éclaire le processus d’élaboration du soupçon. L’objectif d’une telle approche est de cibler les stratégies relatives aux différents types de narrateurs, de façon à déterminer les conditions nécessaires à l’incertitude des lectures.
Abstract
Both parts of this research-creation thesis in literary studies address the unreliable narration in fiction. The novel, D’autres fantômes, uses textual devices that create a problematic narrative experience and generate suspicion. Albert, who witnesses the suicide of a woman in the subway, decides to follow in her footsteps to bring her back to life. His research efforts are somewhat derailed by encounters with enigmatic characters who steer him on the wrong track. His lucidity is blurred by his blind determination, which turns into obsession ; he starts to doubt his memories, the events, the places. Not only does this adventure undermine his family ties, it also forces him to confront ghosts from his past, who transform his investigation into a quest for identity. In narratological terms, Albert’s inner speech problematizes the « simultaneous narration » and demonstrates the influence of subjectivity on the story. The theoretical reflexion, titled Entre inconscience et volonté : conflit de lectures et construction du soupçon dans quelques narrations non fiables indécidables, focuses on the interpretative undecidability in some examples of narrative unreliability. More specifically, the study observes the « interpretative place » where, in some novels, two conflicting interpretations coexist : the « unconscious » unreliable narrator may seem « voluntary » for some readers, and vice versa. L’emploi du temps (Butor, 1957) is the main object of the analysis, but the study also builds upon novels like Le ciel de Bay City (Mavrikakis, 2008) and Le Black Note (Viel, 1998). L’emploi du temps contains unreliable accounts, as shown by the contradictory pattern or cause (trickery or fallibility). The study, which relies on narratology and theories of reading, emphasizes the role of the reader in relation to textual tension created by the ambiguous narrators’ intention. The study analyzes the degree of responsibility of the narrators and clarifies the process used to create suspicion. By the approach, we aim to define the strategies used by different types of narrators in order to identify the necessary conditions for the ambivalence of possible interpretations.
BALINT, Adina, « Secret, témoignage et créativité chez Catherine Mavrikakis : Le Ciel de Bay City », Dialogues francophones, vol. 16, n° 1 (2010), p. 263–276. +++ Article de revue
### Résumé
Le Ciel de Bay City (2008) de Catherine Mavrikakis permet de penser le rapport entre le témoignage, le faux-témoignage et la créativité à l’époque contemporaine, et d’avancer une réflexion sur les pratiques littéraires que les femmes écrivains privilégient aujourd’hui. Il s’agit d’examiner des figures du secret et de la déambulation selon trois axes d’interprétation: historique, ontologique et esthétique. La question de la transfiguration fictionnelle d’un vécu personnel et historique, de même que la transmission de la mémoire transgénérationnelle constituent des fils conducteurs de notre réflexion sur les tensions entre le passé et le présent, le vécu et la fiction, le privé et le public. ###
LAFOREST, Daniel, « Suburbain, nord-américain et québécois : Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis », dans Jan Baetens et Bernardo Schiavetta (dir.) « Formes urbaines de la création contemporaine », Formules, n° 14 (2010), p. 211-225. +++ Article de revue
### Résumé
Le ciel de Bay City (2008) par Catherine Mavrikakis est un roman publié au Québec mais dont toute l’action se déroule dans l’univers de la
banlieue états-unienne d’après-guerre. La narratrice, à travers un long monologue, se remémore ses années de jeunesse dans ce paysage culturel et dans un milieu familial sur lesquels elle projette une haine intense.
Dans ce qui suit, nous examinerons deux traits singuliers de ce roman. Le premier est qu’il nous aide à comprendre en quoi la tradition littéraire au Québec ne s’est pas montrée apte à inclure les transformations suburbaines des modes de vie dans l’après-guerre. Le second est qu’il propose
un modèle original afin d’inclure dans la langue du roman cette expérience suburbaine restée largement inédite.
Abstract
Le ciel de Bay City (2008) by Catherine Mavrikakis is a novel published in Quebec but set entirely in USA’s postwar suburbia. The first-person narrator is a young woman who looks back at her formative years in a long monologue infused with a devastating anger aimed at her family and the cultural landscape where she comes from. In what follows, we examine
how this novel achieves two very interesting things. It helps us to understand why Quebec’s literary tradition was never able to include the
reality of postwar suburbanization in North America. And it also offers an original model for representing the controversial experience of suburban living within the language of the novel.
DION, Robert, « Le passé historique dans les écritures québécoises du présent (Hamelin, Ouellette-Michalska, Leclerc, Mavrikakis) », Letras de Hoje, vol. 59, no 2 (avril-juin 2015), p. 168-178. +++ Article de revue
### Résumé
Le présent article vise à examiner le statut du passé dans quatre romans québécois contemporains qui cherchent à l’inscrire dans le temps présent, ce qui les conduit à prendre leurs distances par rapport au sous-genre du roman historique – lequel ne met pas généralement l’accent sur un effort d’anamnèse engagé au présent, ni sur la quête obsessionnelle d’une “vérité du passé” capitale pour l’époque contemporaine. Après un premier survol des divers usages de l’histoire dans la prose narrative actuelle au Québec, il est possible de conclure qu’on y relève bel et bien des romans de l’histoire au présent, même si c’est souvent une histoire mineure, diffuse ou encore lointaine. Le fait que peu de romans prennent en charge les événements majeurs de la mémoire nationale ne veut certainement pas dire que le passé y est minoré; mais il semble qu’il soit encore difficile, pour la fiction québécoise, de revenir sur les épisodes clés de l’histoire pour les relier à des enjeux mémoriels, identitaires ou éthiques actuels.
Dion, 2015, PDF ###
Le ciel de Bay City (oeuvre) | |
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Titre | Le ciel de Bay City |
Auteur | Catherine Mavrikakis |
Parution | 2008 |
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