Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel, 2007, 398 p.
« Parmi les entretiens que j’ai donnés depuis 1984, j’en ai réuni trente. On y trouvera le jeu de masques que ce genre exige, des contrevérités peut-être, de l’incongru, des traits de mauvaise foi, mais sûrement aussi quelques vérités, pas toutes involontaires. Et puis, relisant ces propos, je me dis qu’à défaut de la vérité introuvable, on y trouve enlacés les souvenirs et les lectures qui m’ont constitué : le panthéon aztèque et la chasse à Dieu dans Moby Dick, le petit roman de trente pages de Lautréamont et le rasoir d’un théologien anglais, une écoute enfantine de Salammbô qui est ma scène primitive, des lieux et des noms. Melville et Faulkner, Beckett, y voyagent parmi des toponymes limousins. Mes morts bavards, Flaubert, Rimbaud et Villon, Giono et Borgès, Hugo, y fréquentent des prolétaires morts sans discours. J’ajoute que, si j’ai peu touché aux entretiens que j’avais donnés par écrit, j’ai retouché librement ceux qui, enregistrés, avaient été récrits par mes interlocuteurs. Que ceux-ci ne me tiennent pas rigueur de cette réappropriation. »
Pierre Michon.
(Quatrième de couverture)
GRAUBY, Françoise, « Du Mystère dans les lettres: Philippe Djian et Pierre Michon sur la ‘grâce’ et l’inspiration », Nottingham French Studies, vol. 52, n° 3 (automne 2013), p. 296-307. +++ Article de revue
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Résumé
Malgré des ruptures et des résistances, les concepts de ' grâce ' , d’inspiration et de vocation continuent à s’inscrire dans une histoire de la pratique littéraire contemporaine. A une époque où la notion d’auteur est remise en question par des pratiques d’écriture ' à la portée de tous ' , des écrivains – et non des moindres –persistent à accorder au phénomène de l’inspiration une place prépondérante dans l’activité créatrice. Cet article se propose d’observer le dialogue que Philippe Djian dans Incidences (2010) et Pierre Michon dans Le Roi vient quand il veut (2007) entretiennent avec la notion de grâce. Malgré les modalités particulières de chaque auteur, nous verrons que la nécessité de maintenir un contact intime avec la nature divine de la création se manifeste avec d’autant plus de force que se pose aujourd’hui la question de l’’ intransmissible ' (la part inconnue et imprévisible de la création) au sein même de l’enseignement de l’écriture.
BIRON, Michel, « Pierre Michon et l’hétéronomie de la littérature contemporaine », @nalyses, vol. 5, n° 3 (automne 2010), en ligne. +++ Article de revue
### Résumé
Ce texte examine d’abord la question de l’hétéronomie de la littérature à partir d’une enquête menée par le sociologue Bernard Lahire (La Condition littéraire. La double vie des écrivains). Celui-ci montre que l’écrivain contemporain assume une certaine intransitivité propre à la littérature, mais au nom d’une vision plus large qui va au-delà de l’autonomie de la littérature. Ce texte étudie ensuite le cas de Pierre Michon se réclamant de figures avant-gardistes capables de résister à la « non-littérature ». Tout en polémiquant avec le discours actuel, Michon fait sienne toutefois une préoccupation éthique propre à la littérature contemporaine. Pour lui, l’œuvre doit être « partageable » et appelle à un « amour possible du monde », rejoignant par là l’idée d’hétéronomie de la littérature.
Abstract
The first part of this study raises the question of the frontier between literature and non-literature based on a recent research conducted by sociologist Bernard Lahire (La Condition littéraire. La double vie des écrivains). While defending the autonomy of literature, contemporary writers, as Lahire demonstrates, share a vision that goes way beyond aesthetic questions. The second part of this study illustrates this vision with the example of Pierre Michon’s “Propos sur la littérature” (Le roi vient quand il veut). Michon insists on the avant-garde’s heritage and opposes the invasion of publicity and non-literature inside literature’s domain. For him, the main goal of work of art is to be shared with others and to embrace “un amour possible du monde”.
Biron, 2010, PDF ###
CORNUZ, Odile, « Autoportrait majuscule. Le Livre d’entretiens de Pierre Michon », dans Jean KAEMPFER (dir.), Michon lu et relu, Amsterdam, Rodopi, 2011, p. 105-125. +++ Chapitre de collectif
HAMEL, Jean-François, « Exodes. Les politiques de la littérature d’après “Sortie d’Égypte” de Pierre Michon », @nalyses, vol. 5, n° 3 (automne 2010), en ligne. Jean-François Hamel +++ Article de revue
### Résumé
L’Exode est une figure récurrente du discours des écrivains français de la seconde moitié du vingtième siècle qui se sont intéressés aux rapports entre la littérature et la politique. Présente chez Jean-Paul Sartre dès les années 1940, reprise par Roland Barthes dans les années 1950 et 1960, déplacée par Maurice Blanchot au seuil des années 1980, la séquence de la sortie d’Égypte hante aussi certains textes de Pierre Michon et d’Olivier Rolin. Cette figure permet à ces écrivains contemporains d’esquisser les traits caractéristiques d’une génération littéraire née des paradoxes de Mai 68 et de réaffirmer une conception prophétique de la modernité littéraire.
Abstract
Exodus is a recurring figure of speech in many texts of the second half of the twentieth century in France that were concerned with the relationship between literature and politics. Present in Jean-Paul Sartre’s writings in the forties, picked up by Roland Barthes in the fifties and sixties, transformed by Maurice Blanchot at the beginning of the eighties, the biblical sequence also haunts some texts by Pierre Michon and Olivier Rolin. This figure allows them to outline the characteristics of a literary generation born of the paradoxes of May 68 and to reaffirm a prophetic conception of literary modernism.
Hamel, 2010, PDF ###
Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature (oeuvre) | |
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Titre | Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature |
Auteur | Pierre Michon |
Parution | 2007 |
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