Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine
Christian Gailly, Nuage rouge, Paris, Éditions de Minuit, 2000, 192 p.
« Un homme roule sur une route de campagne. Il rentre chez lui. Il est presque rendu. C’eût été trop simple : une voiture arrive en face, c’est celle de son ami Lucien mais, quand il la croise, Lucien n’est pas à l’intérieur, c’est une femme qui conduit, une inconnue au visage flou, dominé par le rouge. Qui est-elle ? Et Lucien, où est-il ? Et ce rouge, qu’est-ce que c’est ? Du rouge à lèvres ? De la confiture ? Du sang ? On dirait des peintures de guerre. »
(Quatrième de couverture)
PANAÏTÉ, Oana, « Les fins de l’écriture. Réflexion et pratique du style dans les oeuvres de Jean Echenoz et Pierre Michon », French Forum, vol. 31, n° 2 (printemps 2006), p. 95-110. +++ Article de revue
###« “Chassez le style par la porte, il rentrera par la fenêtre” s’intitule l’article signé par A. Compagnon dans le numéro que la revue Littérature consacre au style en 1997. Cette boutade est significative du regain d’intérêt largement partagé de nos jours par écrivains et critiques pour une notion que le structuralisme avait rendue “suspecte” à cause de ses accointances avec les concepts de norme, ornement ou écart. Depuis le tournant des années quatre-vingt, un nombre important d’auteurs contemporains récupèrent au profit d’un renouveau stylistique complexe et pluriel les procédés de subversion textuelle propres à leurs prédécesseurs. Le brouillage de la parole, le démantèlement de la phrase, la dispersion des voix narratives ou le dévoiement de la langue sont diversement réappropriés par maintes poétiques contemporaines. Nous nous intéresserons à deux catégories de textes dont l’émergence faisant l’objet de nombreux essais critiques et débats d’écrivains a marqué l’évolution récente de la prose narrative. On distinguera, d’une part, les récits pseudo-biographiques dans lesquels les thématiques réalistes se fondent dans le creuset d’une prose d’art tissés autour de l’articulation de la grande Histoire et des existences individuelles (la série amorcée par Les Champs d’honneur de Jean Rouaud), de la mémoire familiale (Vies minuscules de Pierre Michon, L’Amour des trois sœurs Piale de Richard Millet), des vies d’artistes (Vies antérieures de Gérard Macé, Rimbaud le fils de Pierre Michon). De l’autre, les romans métafictionnels allient les formes codifiées (roman policier, récit d’aventures, roman d’anticipation) à des thématiques anthropologiques telles que les identités hybrides (La Nébuleuse du Crabe d’Éric Chevillard), la banalité et l’anonymat (Monsieur de Jean-Philippe Toussaint), le fait divers (Nuage rouge de Christian Gailly), les voyages planétaires, voire interplanétaires (Je m’en vais, Nous trois de Jean Echenoz). Nous aborderons, dans un premier temps, les particularités distinctives des deux types de textes à travers une lecture stylistique des œuvres de Pierre Michon et de Jean Echenoz avant de dégager, dans un premier temps, les grandes articulations d’une poétique de la diction narrative à partir de leurs zones de partage et de leurs effets de contraste. »
(Extrait de l’introduction, p. 90)
Nuage rouge (oeuvre) | |
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Titre | Nuage rouge |
Auteur | Christian Gailly |
Parution | 2000 |
Tri | Nuage rouge |
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